Il faut faire du bruit

Les responsables de la Chambre d’agriculture ont présenté le bilan des aides mises en œuvre, six mois après le passage de la tempête de grêle. (Ph. L. Roth)

GRÊLE. En Ribéracois, les aides qui sont arrivées au compte-gouttes depuis l’orage de juin ne satisfont pas les agriculteurs. Lors d’une réunion, à Siorac-de-Ribérac, ils ont décidé d’aller manifester, en janvier.

Six mois après le passage de l’orage de grêle dévastateur dans le Ribéracois, les agriculteurs sinistrés se sont réunis, vendredi 16 décembre, à Siorac-de-Ribérac, à l’invitation de la Chambre d’agriculture de Dordogne. « Nous avons épuisé la boîte à outils de ce qui se fait habituellement et le résultat est loin d’être satisfaisant », a d’emblée prévenu Jean-Philippe Granger, président de la chambre consulaire. 270 appels ont été enregistrés par la cellule de crise, activée après le passage de la grêle et toujours en fonction. « Les pertes ont été estimées à 45 ME et ces chiffres ne prennent en compte que ceux qui se sont signalés », a rappelé à son tour Michel Campagnaud, directeur de la structure, qui estime que les pertes réelles pourraient s’élever au double. 

Il a ensuite fait le bilan de ce qui avait été mis en place : aides d’urgence de l’État pour soulager les trésoreries, dégrèvement d’impôts, report ou exonération de cotisations MSA, financement de semences pour des ressemis de la part de la Région et du Département… au total, 6 Me ont été débloqués, à partager entre les agriculteurs victimes de la grêle dans le Ribéracois et ceux qui l’ont aussi subie, ainsi que le gel, en Bergeracois. « Pour la grêle, cela représente un peu plus de la moitié, environ 3,5 ME et donc entre 10 et 15 % de compensation des dégâts globaux », calcule Michel Campagnaud. 

L’addition est loin de satisfaire les agriculteurs présents dans la salle. Les dégâts dans les prairies n’ont pas été pris en compte, puisqu’elles ont été considérées fauchées. Or dans le secteur, classé Natura 2000, bon nombre d’entre elles ne l’avaient pas encore été. Cette perte supplémentaire, notamment pour les éleveurs, n’a pas été comptabilisée.

« Une question de volonté politique » 

Les responsables de la Chambre d’agriculture ont invité les agriculteurs à faire remonter leurs bilans comptables de l’année au plus vite et à faire toutes les demandes qu’ils pouvaient. « Si on veut obtenir des enveloppes nationales, il faut que chacun fasse des demandes individuelles. » La requête passe mal dans la salle, mais aussi à la tribune, où était présente Joëlle Saintmartin, maire de Vanxains. « Ce sont des procédures lourdes, dans des circonstances où on a autre chose à faire. » À des participants qui se demandaient si la situation des agriculteurs ribéracois était connue au-delà du département, elle a assuré avoir remis, en mains propres, un courrier au président de la République pour l’alerter. Il est jusque-là resté lettre morte. Serge Mérillou, sénateur de Dordogne, présent aux côtés de son homologue Marie-Claude Varaillas, a indiqué avoir fait remonter à de multiples reprises les problèmes recensés et l’insuffisance des mesures d’aide. 

Pour Guillaume Testut, président des JA, « le président a su donner des indemnités aux restaurateurs pendant la Covid ; est-ce qu’ils ont eu tant de choses à montrer pour être indemnisés ? C’est une question de volonté politique. Mais si nous ne bougeons pas, nous tomberons dans l’oubli. » « Il faut faire un minimum de bruit », acquiesce Jean-Philippe Granger. Tous se sont donc mis d’accord pour se faire entendre, lors d’une manifestation devant la préfecture, le 19 janvier. « Pour montrer que nous sommes toujours là. » 

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