Agroécologie : pas si simple

Luc Servant a ouvert cette journée de prospective qui a tourné autour d’une seule question : la gestion collective de l’eau. (Ph. A.-F. G.)

EAU. La Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine a tenu sa journée de prospective annuelle : “Souveraineté alimentaire et transition agroécologique : quelles stratégies collectives de gestion de l’eau ?”.

Comment la gestion collective de l’eau d’irrigation peut-elle faciliter la transition agroécologique tout en garantissant une production alimentaire et en s’adaptant au réchauffement climatique ? La journée, qui s’est déroulée le 30 juin, sous forme de table ronde, à Bordeaux, proposait plusieurs éclairages à la question en illustrant les choix faits par les irrigants, notamment ceux liés aux conditions d’accès à une ressource plus ou moins abondante ainsi que différentes stratégies d’usage de l’eau, de la parcelle au bassin.

Bénédicte Genin a débuté en expliquant l’origine du plan eau et l’adaptation de l’usage à la ressource, rappelant au passage l’existence du Varenne de l’eau. La directrice adjointe de la Draaf (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) a également annoncé que la logique poursuivie aujourd’hui méritait d’être déclinée dans sa territorialisation, concédant que cette volonté « nécessiterait encore quelques ajustements et traductions du niveau national jusqu’aux niveaux déconcentrés ».

Questionné sur le calendrier, Martin Gutton, directeur de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, a alarmé l’assemblée : « J’ai coutume de dire que les effets du changement climatique aujourd’hui vont plus vite que notre capacité à agir et que la décision politique. On ne va pas assez vite. On dit “accélérez” mais on ne le fait pas toujours. » 

De son côté, Guillaume Choisy, directeur de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, est revenu sur la nécessité d’adopter une approche beaucoup plus globale. Il a regretté un manque de lisibilité sur les organisations liées à l’eau : « On a du mal à faire comprendre les enjeux parce qu’on a du mal à expliquer comment on s’organise ».

Abordé par Guillaume Riou, vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine, le sujet de l’ordonnancement des usages (« l’agriculture en tout dernier ») a provoqué beaucoup de remous. Il a en effet posé les difficultés de cette « concurrence entre l’eau économique et les milieux », dans un contexte de bouleversement mondial ultra rapide, et martelé l’importance du dialogue et de l’adaptation.

Rebondissant aux propos de son voisin de banquette, Guillaume Chamouleau, vice-président de la Chambre d’agriculture de Charente, a invité à relire « les débats parlementaires de 1992 dont l’objectif n’était pas de définir des usages », et à se souvenir du rôle essentiel de l’agriculture, proposant aussi la solution de retenir l’eau (différentes formes de stockage, reméandrage pour remettre le cours d’eau dans ses anciens méandres).

Entre les différentes injonctions faites aux agriculteurs et l’acceptation de l’anthropisation (modification d’un milieu dit naturel par les activités humaines, ndlr) du territoire, il a surtout pointé l’absence de consensus autour du terme d’agroécologie, créant l’unanimité au sein de ses pairs.

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