Le potentiel de la tomate

À l’usine Tomates d’Aquitaine (groupe Terres du sud), à Bergerac, d’août à octobre, les tomates sont triées et lavées avant d’être transformées en coulis, concassés et concentrés vendus à des industriels français. (Ph. A. Merlingeas)

Agroalimentaire. Des représentants des interprofessions fruits et légumes transformés sont allés à l’usine Tomates d’Aquitaine, à Bergerac, pour promouvoir la filière et développer la production locale.

Les chiffres sont explicites : l’industrie française des produits dérivés de la tomate couvre seulement 14 % des besoins nationaux. Le 23 août, afin de promouvoir la culture de la tomate d’industrie dans le Sud-Ouest et sa transformation, le groupe Terres du Sud a reçu, dans son usine Tomates d’Aquitaine, à Bergerac, André Bernard, président de la Sanito (Société nationale interprofessionnelle de la tomate) et Victoire Cassignol, directrice générale de l’Anifelt (Association nationale interprofessionnelle des fruits et légumes transformés). « En France, nous sommes passés d’une production de 400 000 t de tomates d’industrie en 2005 à 150 000 t aujourd’hui, alors que les besoins ont grimpé de 800 000 t à plus d’1,1 million », a relevé André Bernard, qui espère bien relancer la production avec le plan Tommates (Techniques outils et méthanisation pour la multiperformance agricole des territoires et des systèmes).

L’usine bergeracoise Tomates d’Aquitaine est une filiale de Terres du sud. La production est réalisée par 62 agriculteurs situés en Gironde, Dordogne et Lot-et-Garonne, dans un rayon de 80 km. En 2022, la branche fruits et légumes du groupe Terres du Sud a récolté 26 000 t de tomates, dont 5 000 ha certifiés bio, qui ont été transformés dans l’usine.

Première transformation

Tomates d’Aquitaine propose de la première transformation : des concassés, des coulis et des concentrés. Ses clients, quelques grands noms de l’agroalimentaire français comme Sodebo, font de la seconde transformation. Certains adoptent une stratégie de “produit France” auprès des consommateurs pour l’élaboration de leurs plats cuisinés, pizzas et autres sauces tomate. 

L’usine bergeracoise compte 12 salariés permanents. Elle recrute 90 emplois saisonniers en pleine saison, de début août à octobre. Chaque jour, 800 à 900 t de tomates arrivent sur le site. L’usine a deux lignes de production. Une où les tomates seront pelées, coupées en petits cubes pour des plats cuisinés. L’autre ligne fait du concentré pour les sauces ou les pizzas. Les tomates seront broyées et réduites dans un concentrateur avant d’être expédiées en fûts de 200 kg. « Cette année, nous allons transformer 32 000 à 33 000 t de tomates, dont 3 000 en bio. Cela représente 570 ha, dont 40 % en Dordogne », a indiqué Laurent de Vaujany, directeur de la branche fruits et légumes du groupe Terres du sud. 

Depuis la reprise de l’usine en 2019, le groupe a entrepris une montée en puissance des volumes traités. « Nous avons pour ambition d’augmenter notre potentiel de 30 % au minimum », a ajouté le directeur. Ce développement a nécessité des investissements dans les infrastructures et le matériel. « L’an dernier, nous avons investi 400 000 euros pour fiabiliser notre outil de déchargement des tomates. Cette année, l’investissement s’élève à 600 000 euros afin de sécuriser l’outil de production. Nous étudions la modernisation du site afin d’accompagner notre montée en volume », a précisé Yann Rosales, directeur industriel de la branche fruits et légumes. 

L’option méthanisation

Une réflexion est lancée en matière d’énergie. L’usine utilise de l’électricité et du gaz. « Notre coût énergétique a été multiplié par trois. Actuellement, nous sommes à la chasse au gaspillage », affirme Yann Rosales. 

Par ailleurs, pour permettre aux exploitations de se moderniser et créer de la valeur, la profession prévoit d’allier production agricole et énergétique en installant des méthaniseurs à proximité des zones de production. D’ailleurs, avant de venir à l’usine bergeracoise, les représentants professionnels sont allés chez un producteur équipé d’un méthaniseur, à Aillas, en Gironde. Le biométhane et le gaz naturel liquéfié obtenus lors de la fermentation des produits agricoles permettent de produire de l’énergie verte. Le digestat issu de la fermentation est utilisé pour fertiliser les sols et réduire le recours aux intrants de synthèse. 

La culture de la tomate dure 110 jours. Elle peut être associée à une culture à vocation énergétique durant la période hivernale. Fabien Tarascon, producteur de tomates industrie en Lot-et-Garonne, explique : « L’implantation de couverts végétaux permet d’optimiser des puits de captation de carbone et son stockage ainsi que de structurer les sols. Ce genre de projet territorial apporte un complément de revenu à l’exploitation tout en consolidant une filière de production agricole soumise à des aléas toujours plus marqués. »

PRODUCTION
Plan de développement
La Nouvelle-Aquitaine est le deuxième bassin de production de tomates d’industrie en France, derrière Paca (70 %). La production française atteint 150 000 t alors que les besoins des industriels français s’élèvent à 1,1 million de t qui sont approvisionnés en majorité par la production espagnole et italienne. La Chine est le premier producteur mondial de tomates d’industrie. Face à ce constat, la Chambre régionale d’agriculture de Provence-Alpes-Côte d’Azur a lancé un plan de développement interfilières. Il est baptisé Tommates, acronyme de “Techniques outils et méthanisation pour la multiperformance agricole des territoires et des systèmes”.

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