Interview. Le nombre de lettres envoyées ne cesse de diminuer, poussant la Poste à diversifier ses services en milieu rural. Une convention vient d’être signée avec les maires ruraux de Vienne et Dordogne.

Comme de nombreux autres services, La Poste semble de moins en moins présente en milieu rural. Est-ce vraiment le cas ?
Jacques Lemaire, délégué régional de la Poste : Ce qu’il faut d’abord retenir, c’est que nos facteurs sont toujours là. Sur les 18 000 agents de la Poste en Nouvelle-Aquitaine, ils sont près de 7 000. Pour les agences, certaines ont effectivement été remplacées par des points, tenus par des communes ou des commerçants. Parfois, certains bureaux de Poste sont aussi devenus des agences France Services, relais pour d’autres organismes, comme la MSA par exemple.

La convention que vous venez de signer est-elle destinée à créer de nouvelles activités ?
J. L. : En fait, cela fait des années que nos facteurs rendent d’autres services que porter le courrier, notamment parce que les lettres en tant que telles sont de moins en moins nombreuses. Cette convention permet donc de formaliser ce qui se fait déjà. Les maires ne connaissent pas forcément bien ce que nous proposons. Nous espérons donc que les associations des maires ruraux vont leur faire connaître.

Quels sont ces services ?
J. L. : Ils sont très variés. Cela va des facteurs qui, en ruralité, se déplacent souvent en voiture, dont on équipe le véhicule de caméras, qui filment leurs parcours pour le compte des municipalités. Après analyse, un rapport est envoyé au maire pour lui indiquer les problèmes de qualité de routes, des dépôts sauvages de déchets ou des panneaux endommagés. Six communes en région ont fait appel à ce service en 2023. Il est également possible de donner des téléphones portables de chaque opérateur aux facteurs, afin de vérifier la qualité de couverture mobile. 
Pour le grand public, ils peuvent aussi réaliser du portage de repas ou de médicaments. Cela se fait toujours en lien et en complément des CCAS (centre communal d’action sociale) ou ADMR (aide à domicile en milieu rural). On n’est évidemment pas là pour prendre la place de ces structures, mais les suppléer quand c’est compliqué pour eux de se rendre dans des lieux isolés. Cette activité fonctionne plutôt bien, car les demandes de portage de repas augmentent. Il y a aussi des ateliers numériques, pour soutenir l’inclusion numérique des seniors, des accompagnements pédagogiques pour les jeunes…

Les facteurs acceptent-ils bien ces nouveaux métiers ?
J. L. : Ils voient bien au quotidien que le courrier est de moins en moins important, et savent que c’est une nécessité pour préserver leur activité. Ils sont souvent attachés à leur métier, et puisqu’ils habitent souvent le même secteur que leur tournée, ils apprécient de rendre ces services. Ils sont évidemment régulièrement formés pour ces activités nouvelles. Du côté du grand public, les facteurs bénéficient d’un capital confiance, et cela facilite la mise en place de ces services.