Pour éviter les champs d’arbres

Roland de Lary, directeur du Centre national de la propriété forestière (CNPF), s’est efforcé, lors de la première table ronde, à ne pas réduire le débat à une opposition entre résineux et feuillus. En vain. (Ph. D. Nidos/CD24)

ENVIRONNMEMENT. Durant toute une journée, l’avenir de la forêt s’est retrouvé au cœur des discussions de sylviculteurs, propriétaires forestiers et élus, à l’occasion des Assises départementales de la forêt.

Savez-vous ce qui se passe lorsque l’on vous dit de ne pas penser à un éléphant ? Eh bien, dans 99 % des cas, il va de soi que vous penserez au pachyderme. Le coup de la prophétie auto-réalisatrice a eu lieu, jeudi 2 février, à l’Odyssée, lors de la première table ronde des Assises départementales de la forêt. Roland de Lary, directeur général du CNPF (Centre national de la propriété forestière), annonçait d’emblée : « Nous ne sommes pas là pour nous opposer », et c’est pourtant bien ce qui s’est passé.

Consacrée à un panorama de la forêt en Dordogne, la première table ronde de la journée a rapidement mis au jour la question qui anime autant les professionnels de la sylviculture que les élus, les propriétaires forestiers ou les amoureux des bois : la part de résineux et feuillus en Périgord et la préservation de la biodiversité.

Dans une forêt qui occupe 45 % de la surface du département, d’aucuns se préoccupent de voir la part de résineux augmenter de façon inquiétante. « De quelle forêt parlons-nous, interroge Jean-Claude Nouard de l’association SOS Forêt Dordogne. Normalement, elle est plurielle. Que seront nos châteaux entourés de résineux ? Certes, les châtaigniers sont malades mais ce n’est pas une raison pour les éradiquer et les remplacer par des résineux. Nous aimerions faire comprendre qu’il y a d’autres façons de travailler. » Nicolas Lecœur, de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, précise : « Nous ne voulons pas éradiquer le châtaignier mais si nous ne faisons rien, ici, aujourd’hui, le taillis est voué à mourir. En intervenant, nous pouvons empêcher le dépérissement. »

Préserver la biodiversité

« Le problème n’est pas dans l’essence mais dans la monoculture », avertit un propriétaire forestier de la Vallée de l’Homme qui considère qu’aujourd’hui, il serait plus juste de parler « de forêts d’un côté et de champs d’arbres de l’autre, ça serait plus clair pour tout le monde ». « On part sur des résineux pour pouvoir planter en ligne et faciliter l’exploitation, déplore Jean-Claude Nouard. On a vu ce que ça donnait en agriculture et, malheureusement, nos enfants verront ce que ça donne sur la forêt. »

À ces inquiétudes s’ajoute la question de la préservation de la biodiversité. « Il faut protéger les espaces pour protéger les espèces, assène Alain Garcia de la LPO (Ligue de protection des oiseaux). Les forêts qui attirent les oiseaux sont celles qui sont variées en essences et en structures. »

« Une partie de nos forêts est abandonnée depuis la tempête de 1999, avec une perte d’exploitation de certains massifs. L’enjeu est d’établir un plan de gestion à long terme », a cependant défendu Didier Bazinet, vice-président du Conseil départemental en charge de l’agriculture et de la forêt et de l’aménagement rural.

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