« Que la chasse reste un plaisir »

Les chasseurs craignent de nouvelles mesures trop restrictives qui seraient dissuasives. (Ph. T. M.)

Sécurité. Depuis la fin du mois d’octobre, le gouvernement a entamé des discussions avec les représentants de la chasse afin d’améliorer la sécurité lors de la pratique. Les chasseurs restent sceptiques.

Le 25 octobre, Bérangère Couillard, la secrétaire d’État à l’écologie a présenté un plan « pour sécuriser la chasse ». Pas moins de 30 mesures sont en cours de discussion entre l’État et le monde de la chasse.

Parmi les propositions, trois vont être particulièrement observées, à commencer par le délit d’alcoolémie. Le gouvernement souhaite que les chasseurs soient soumis aux mêmes règles que les automobilistes. Ils ne pourront donc pas avoir plus de 0,5 gramme d’alcool par litre de sang et des contrôles pourraient être effectués par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB). 

« Personne ne peut être contre, car c’est une mesure de bon sens qui est déjà pratiquée de fait, puisque nous repartons tous de la chasse avec nos véhicules. Mais j’estime que c’est à chaque chasseur de prendre ses responsabilités », affirme Dominique Baillet, président et directeur de battue du Groupement de propriétaires chasse Thiviers nord. « Les jeunes générations sont davantage sensibilisées et attentives à ce sujet car obtenir son permis de chasser est devenu plus compliqué qu’avant. Je ne pense pas que ce délit d’alcoolémie change grand-chose car nous faisons attention à la sécurité », estime Guillaume Baillet, fils du directeur de battue. « En revanche, il ne faudrait pas que cette mesure soit encore plus restrictive que le permis de conduire », ajoute son père.

Vers un jour sans chasse

Seconde proposition du plan chasse du gouvernement, l’instauration d’un jour ou d’une demi-journée sans chasse, le dimanche à partir de 14 h. Une mesure dont ne veut pas entendre parler Guillaume Baillet. « Aujourd’hui, la chasse au grand gibier est devenue contraignante car nous avons une obligation de résultat, du fait de l’augmentation des populations. Nous imposer un jour sans chasse ne fera que renforcer la pression de tir les autres jours et peut-être même les accidents car les collègues pourraient être incités à tirer plus et moins bien. » 

« Nous chassons la plupart du temps sur des terrains privés qui appartiennent à des agriculteurs. Ces derniers verraient d’un mauvais œil que nous ne puissions pas chasser pour laisser la place à des promeneurs. D’autant plus que nous n’avons que le dimanche pour pouvoir organiser une chasse collective. Tous les chasseurs ne sont pas retraités », martèle, de son côté, Dominique Baillet. 

Depuis plusieurs années, la sécurité et les obligations liées à la pratique de la chasse se sont renforcées mais ces chasseurs déplorent qu’il n’en soit pas de même pour les promeneurs. « Nous serions favorables pour que ces derniers aient l’obligation, comme nous, d’être davantage visibles. Cela pourrait limiter certains accidents », propose
Guillaume Baillet. 

Par ailleurs, ce dernier estime rendre un service aux citoyens en régulant les populations d’animaux. « Le blaireau, par exemple, est porteur de la tuberculose qui est une zoonose. S’il n’y avait pas les chasseurs pour les éradiquer,  nous pourrions avoir plus de cas. Mais demain, à force de nous contraindre, nous risquons de ne plus trouver de chasseurs volontaires pour effectuer ce travail. Il faut que la chasse reste un plaisir. » Ces chasseurs vont donc suivre avec inquiétude les annonces qui seront faites par le gouvernement.

Accidentologie

Chiffres clefs

L’OFB a recensé sur la saison 2020/2021, en France, 80 accidents de chasse, dont 7 mortels.

Dans la droite ligne de ce qui est constaté depuis 20 ans, les 83 victimes sont très majoritairement des chasseurs (86 %).

La chasse au grand gibier reste celle qui entraîne le plus d’accidents : 59 % contre 41 % pour le petit gibier. Les auto-accidents restent au même niveau avec 29 % des accidents ; trois d’entre eux ont été mortels.

Les principales causes des accidents de chasse sont :

• le non-respect de l’angle des 30°, qui a entraîné 35 % des accidents au grand gibier ;

• le tir sans identifier, au grand comme au petit gibier, reste particulièrement important (19 % des accidents tous gibiers confondus).

Les tirs en direction des routes ou habitations, qui sont à l’origine d’accidents mais également d’incidents (pas de victimes physiques) restent encore trop nombreux.

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