Travailler en sécurité

L’engin permet de couper les bois de bordure en toute sécurité pour les valoriser en grandes longueurs. (Ph. A. Merlingeas)

TECHNOLOGIE. Fibois Nouvelle-Aquitaine et le Comptoir des bois de Brive ont présenté une machine hybride, entre skidder et porteur forestier, à Saint-Front-sur-Nizonne. Elle permet un travail polyvalent et sécurisé.

L’innovation en exploitation forestière était au cœur d’une visite organisée par Fibois-Nouvelle-Aquitaine et le Comptoir des bois de Brive (CBB), le 14 mars, sur un chantier forestier à Saint-Front-sur-Nizonne. À cette occasion, la pluie n’a pas empêché une trentaine de participants de se rendre dans la petite commune située près de Nontron, en Périgord vert. CBB est une filiale de Sylvamo, nom de l’activité papier d’International paper. Elle approvisionne en matière première l’usine située à Saillat-sur-Vienne (87) qui produit du papier et de la pâte à papier.

« L’objet de cette visite est de montrer l’engin que l’on a acquis l’année dernière. C’est un hybride entre ce que l’on a l’habitude de voir en forêt, qui s’appelle un porteur forestier dont la mission unique consiste à débarder des bois billonnés, et un skidder qui sert à débusquer et sortir des grumes, des bois de très grandes longueurs », explique Frédéric Joseph, responsable régional de CBB (Dordogne, Charente, Lot et Haute-Vienne). Cet engin possède la capacité de tirer des arbres en toute sécurité. « Il répond à des normes et des capacités de tractions adaptées. Nous pouvons treuiller des arbres sans nous exposer à des problèmes mécaniques. » 

Sécuriser les bois de bordure

Sur le chantier, l’exploitation du sous-étage avait été réalisée. Les exploitants forestiers avaient retiré une partie du bois afin de faciliter la démonstration. Les bûcherons présents récoltent quelques arbres de futaies, sans tout couper. Le taillis a été extrait pour garder les baliveaux. 

La futaie est composée essentiellement de chênes de différents âges. Certains d’entre eux étant situés en bord de route, c’est ce qu’on appelle du bois de bordure. Il penche sur la route ou chez le voisin. Parfois, il peut y avoir à proximité des lignes électriques ou des maisons. Ces arbres nécessitent d’être sécurisés par un câble pour les ramener vers l’intérieur. « Nous pouvons réaliser cette opération avec cet engin. Nous utilisons des porteurs ou skidder purement pour leurs activités mais c’est le seul hybride que nous avons. Il y en a beaucoup d’autres dans l’Est de la France », a indiqué Frédéric Joseph. 

La machine, de la marque Noe et Ritter, offre une assez grande polyvalence. Elle peut être aussi équipée de ranchers pour débarder du bois, comme le ferait un porteur. Ceux-ci peuvent être retirés relativement vite (environ un quart d’heure) pour équiper l’engin d’une pince à grume. Il a dans le châssis deux câbles de la même capacité qu’un skidder qui permettent de travailler en toute sécurité. Il s’agit de treuils à traction constante avec un moteur hydrostatique. 

Nicolas Vernet, responsable du parc engins de CBB, a réalisé une présentation précise de la machine. En plus des treuils de forte capacité, elle comprend une grue, un panier et une pince de la même capacité qu’un porteur classique. « Chez nous, la sécurité est très importante. Les câblages de bordures se font depuis de nombreuses années avec pas mal d’accidents dans la filière », a indiqué Nicolas Vernet. Le poids de la machine est identique à celui d’un porteur, entre 15 et 18 tonnes. Il peut porter entre 18 et 20 stères en deux mètres, les mêmes capacités qu’un porteur. 

Pour le conduire, il a fallu trouver une équipe de bûcherons toute aussi polyvalente et formée. « Les deux bûcherons sur le chantier sont en capacité de s’en servir », a assuré Frédéric Joseph.

Machine d’occasion

L’engin a été acheté d’occasion. « Il vaut entre 400 000 et 450 000 e neuf. Nous l’avons eu à la moitié de ce prix-là. Aujourd’hui, un porteur forestier coûte près de 400 000 e. Les prix ont explosé. Quand j’ai commencé, il y a 25 ans, un porteur coûtait 150 000 e. Aujourd’hui, l’équivalent, un modèle de base, atteint entre 300 000 et 350 000 e. Dès qu’on y ajoute des aménagements techniques ou technologiques, les prix sont supérieurs », souligne Frédéric Joseph. De quelques câbles mécaniques avec un peu d’hydraulique, on est passé à des engins remplis d’électronique. « Il y a énormément de technologie embarquée qui fait exploser les prix en plus du coût de l’acier. Aujourd’hui, un engin neuf, il ne faut pas prétendre l’avoir avant 18 mois de délai. »

GESTION FORESTIÈRE

Des parcelles certifiées

Les parcelles visitées à Saint-Front-sur-Nizonne sont certifiées FSC (Forest stewardship council), et PEFC (Programm for the endorsement of forest certification schemes). La société Sylvamo Forêt service réalise la gestion forestière pour le compte de Sylvamo. La certification FSC comprend un livret de gestion réalisé par un technicien qui met en place un plan de gestion avec un volet environnemental. Il va fixer le devenir des parcelles et la façon dont elles doivent être exploitées. Il s’agit de mettre en place des pratiques de gestion durable. PEFC se base plutôt sur un engagement d’amélioration de la gestion forestière. Sylvamo prend en charge ces démarches pour le compte des propriétaires qui s’engagent sur dix ans. L’entreprise trouve un intérêt à avoir des bois certifiés pour ses produits papiers ou vendre de la pâte à papier. 

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