Le projet d’une vie

Gabriel Gendreau, 27 ans, réalise son rêve en reprenant la ferme du Cussac, à Saint-Germain-et-Mons. La plateforme Fermes en ViE lui a permis d’y parvenir. (Ph. A. Merlingeas)

INSTALLATION. Gabriel Gendreau loue une ferme en ovins viande bio à Saint-Germain-et-Mons. Hors cadre familial, il s’installe grâce à Fermes en ViE, qui lui loue les terres et les bâtiments avec option d’achat.

« J’ai toujours voulu m’installer », lance Gabriel Gendreau. En reprenant une ferme ovine, à Saint-Germain-et-Mons, en septembre, l’éleveur réalise son rêve. Il élève des brebis et des agneaux en viande bio. Après de multiples expériences, il a découvert l’élevage ovin, notamment lors d’une expérience professionnelle comme ouvrier dans une exploitation de brebis laitières bio à Nontron. « Petit, j’ai toujours voulu avoir des vaches mais, pour s’installer, cela demande davantage de capital », regrette un peu le jeune homme de 27 ans. En 2019, il effectue un certificat de spécialisation en élevage ovin viande à Bellac (87). Puis, de 2020 à 2022, il officie comme technicien chez Arterris, dans le Gers, et Limovin, en Haute-Vienne.

Achat ou bail de carrière

C’est en 2021 qu’il entame les démarches pour s’installer. « Je me suis dit que c’était le moment. Je me sentais mûr », déclare l’éleveur. Hors cadre familial, avec peu d’apport financier, il comprend vite qu’il lui sera difficile d’acheter une ferme adaptée à ses besoins. Il concentre ses recherches sur une location. Originaire de la Roche-Chalais, il prospecte en Dordogne où il souhaite vivre. Le PAIT (point accueil installation transmission), à la Chambre d’agriculture de la Dordogne, porte à sa connaissance l’exploitation de Saint-Germain-et-Mons, près de Bergerac, disponible via Fermes en ViE (Feve), société qui collecte l’argent de citoyens. Elle propose de faciliter la transmission, en faisant appel à des épargnants qui veulent aider des porteurs de projets de fermes ayant des pratiques agroécologiques. « Je n’avais pas l’obligation de m’installer en bio même si mes idées s’en rapprochaient », selon l’agriculteur qui a quand même franchi le pas. 

Mis en vente par Anthonie et Isabelle Wolters, à Saint-
Germain-et-Mons, l’élevage ovin était dimensionné pour accueillir 350 brebis mais n’en comptait plus qu’une centaine à la fin. « J’ai rencontré les gens de la société qui m’ont demandé un prévisionnel », indique l’éleveur. Une fois le projet validé, la plateforme a racheté les terres (66 ha avec beaucoup de prairies), les bâtiments agricoles (une stabulation transformée en bergerie de 300 m2 et un hangar de 350 m2) et une habitation à rénover. Puis, elle lui met en location. « L’exploitation est louée au porteur de projet avec option d’achat. Ils estiment que le meilleur moment pour acheter se situe entre la septième et la dixième année, quand les principaux prêts sont soldés. Après, j’ai aussi la possibilité de faire un bail de carrière, un bail rural à long terme », explique l’éleveur qui a déjà signé un bail de 25 ans. La ferme de Saint-Germain-et-Mons est la seule mise à disposition par Fermes en ViE en Dordogne à avoir trouvé un acquéreur. Une autre est à reprendre.

La location coûte 8 000 euros par an pour l’ensemble de la ferme. La maison a un loyer qui s’élève à 580 euros par mois, intégré au bail, avec également une option d’achat. Les travaux, d’un montant de 60 000 euros, sont financés en grande partie par la plateforme. De son côté, l’éleveur a racheté le cheptel de la ferme, 100 brebis blanches du Massif central croisées avec des charollaises, ainsi que 250 charmoises supplémentaires et le matériel de l’exploitation. Il a aussi pris 12 500 euros de parts sociales dans la SCI. L’investissement total s’élève à 120 000 euros ; une somme empruntée et remboursée sur huit ans. 

Il prévoit de racheter la ferme. La totalité des loyers payés depuis le début seront déduits. L’éleveur a touché la DJA (dotation jeune agriculteur), à hauteur de 31 000 euros.

Projets et perspectives

Gabriel Gendreau se projette dans l’avenir. Il voudrait accueillir quelqu’un qui puisse développer une autre activité sur les terres, en maraîchage ou poules pondeuses. « Je peux libérer quatre hectares, cela ne va pas me mettre en danger », assure-t-il. Du côté des pratiques agricoles, il a mis en place du pâturage tournant dynamique dans le but de valoriser au maximum l’herbe, cœur de son système. Il souhaite faire de l’agroforesterie. Pour cela, il sera accompagné par Prom’Haies.

Concernant la commercialisation, l’éleveur veut développer les circuits courts. Il est aussi engagé en Label rouge Agneau du Périgord avec la coopérative La Périgourdine. 

ÉPARGNE CITOYENNE

Le modèle Fermes en ViE

Créée en juillet 2021, Fermes en ViE est une entreprise agréée Entreprise solidaire d’utilité sociale, basée à Bordeaux. Elle reprend des exploitations agricoles pour installer des agriculteurs en agroécologie. Six projets ont abouti, tous dans le grand Sud-Ouest. « Soit nous repérons une ferme, via un cédant, puis nous lançons un appel à candidature ou alors des porteurs de projets viennent nous voir avec une ferme identifiée », explique Vincent Krauss, directeur et cofondateur de l’entreprise. La société collecte l’argent d’épargnants, 500 actuellement, pour un montant de presque 6 Md’euros. Ils bénéficient d’une déduction d’impôt sur le revenu de 25 % du montant investi. « Les parts prises dans la société ne donnent pas droit à des dividendes mais elles sont réévaluées, chaque année, sur la base de la valeur des actifs détenus. On vise une réévaluation de 2 % par an. »

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