Une année à hauts risques

Tony Cornelissen et Luc Servant ont présenté les enjeux de l’année 2023 pour l’agriculture régionale. (Ph. L. Robin)

PROSPECTIVE. Le président de la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, Luc Servant, accompagné de Tony Cornelissen, a présenté ses vœux en s’inquiétant de l’année à venir.

L’an dernier, à pareille époque, Luc Servant, s’interrogeait sur les crises auxquelles l’agriculture régionale devait faire face, des crises économique, climatique, sanitaire. Sans imaginer une seconde que le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie, un mois plus tard, bouleverserait l’année 2022. Lors de ses vœux, mercredi 4 janvier, à Limoges, le président de la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine (Crana) a estimé que cette année si compliquée a fait prendre conscience « à quel point la souveraineté alimentaire est sensible et il est donc nécessaire de bien accompagner les agriculteurs ».

Pour Luc Servant, 2023 sera « une année à hauts risques » ; et de décliner les grands chantiers ou défis qui attendent l’agriculture française et néo-aquitaine. Il évoque la réforme de la Pac, la planification écologique, le Conseil national de refondation qui abordera des sujets comme le climat et la biodiversité, « avec un impact sur les pratiques agricoles », ou encore la Loi d’orientation agricole, en cours d’écriture. À toutes ces évolutions, le président de la Crana confie que les agriculteurs « craignent une flambée des prix des intrants et de l’énergie ». D’autant plus que, selon lui, « les résultats économiques de l’agriculture ne sont pas bons en Nouvelle-Aquitaine ».

Accompagner les agriculteurs

Au niveau régional, comme au niveau national, il privilégie l’accompagnement des agriculteurs face à ces mutations importantes, avec toutes les évolutions techniques et agronomiques qu’implique le changement climatique. Il souhaite également une vraie reconnaissance du rôle joué par l’agriculture en matière de captation de carbone. Il s’appuie sur la mise en place à l’automne de l’Acclena (Association carbone climat environnement Nouvelle-Aquitaine) qui regroupe les acteurs de l’agriculture et de la forêt.

Luc Servant s’est félicité que, dans le cadre de la PAC et du Plan stratégique national et de leur déclinaison régionale, la Région ait conservé le budget consacré à l’agriculture en 2023. Malgré tout, cette nouvelle Pac et ses modalités nationales et régionales auront un impact, en particulier sur l’élevage. Ce que déplore Tony Cornelissen, président de la Chambre d’agri- culture de Corrèze. « L’élevage est en crise profonde », constate-t-il. Ce qui agace profondément l’élu corrézien, ce sont « les coups de boutoir » donnés à l’image de l’élevage en France. Comme le rappelle Luc Servant, « on nous a incités à monter en gamme et les débouchés ne sont plus là ». « Dans nos régions d’élevage extensif, avec nos prairies et nos forêts qui dessinent les paysages et captent du carbone, nous ressentons de la frustration parce que les aides vont aller vers ceux qui ne sont pas encore à notre niveau et nous, nous ne serons pas récompensés pour ce que nous faisons déjà bien », se désole Tony Cornelissen. Ce qui renforce la volonté de Luc Servant de faire prendre en compte et rémunérer les services rendus à l’environnement par les agriculteurs néo-aquitains.

Partagez cet article
Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Plus d'articles pour "Actualité"

Publiés récemment