Des entreprises dynamiques

Plusieurs tables rondes avec des acteurs économiques et associatifs se sont succédé. (Ph. Th. M.)

CONFÉRENCE. Le Conseil régional a organisé, mercredi 29 novembre, une soirée consacrée à l’innovation en milieux rural. Des chefs d’entreprise et responsables associatifs se sont succédé pour présenter leurs projets.

Il y avait du monde, mercredi 29 novembre à l’espace culturel Claude-Boyer de La Coquille. Le Conseil régional organisait pour la quatrième année consécutive les rencontres “Innover en ruralité”. 200 personnes ont répondu à l’invitation de la Région pour cet événement.

Ce rendez-vous a pour but « de valoriser les initiatives innovantes menées en territoires ruraux et de comprendre les stratégies entrepreneuriales ». « La diversité des acteurs présents ce soir démontre la force de la Région à fédérer autour d’elle des projets structurants pour le territoire », a ainsi introduit Colette Langlade, conseillère régionale et élue référente du Périgord vert. Pour illustrer l’innovation en milieu rural, plusieurs tables rondes ont été organisées au cours de cette soirée.

Un premier temps fort consacré à l’agriculture intitulé “Le goût d’innover dans nos champs”, a réuni Bertrand Langlois, directeur de la Fédération des Cuma de Dordogne, Marine Louargant, responsable de l’unité de mécanisation au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes, Yann Chemin, président-directeur général de Barberie, et Bruno Delpech, directeur général de la Communauté de communes Lavalette Tude Dronne. Les échanges ont porté sur la robotique et la mécanisation en agriculture.

« On travaille ces sujets pour répondre à deux gros enjeux des filières fruits et légumes à savoir le développement d’alternatives à l’usage des produits phytosanitaires et le maintien de la compétitivité des filières confrontées au manque de main-d’œuvre », développe Marine Louargant. Le CTIFL (Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes) travaille trois grands axes d’innovation : l’optimisation des chantiers de récolte pour être plus efficace pour les exploitations. Le deuxième axe s’intéresse aux développements d’outils d’aide à la décision pour mieux adapter les itinéraires techniques. Enfin, les techniques d’application des produits de traitement afin de limiter l’impact environnemental.

Recentraliser la production

La Fédération des Cuma développe de son côté un projet de toasteur de soja pour les agriculteurs. « Il répond à une nécessité de souveraineté alimentaire et de maîtrise des coûts pour les exploitants agricoles. Les besoins sont diffus à travers le département. Demain, on pourra avoir du soja produit et toasté en Dordogne », expose Bertrand Langlois. Ce projet de 145 000 Ä va pouvoir, dès le printemps prochain, être utilisé par 40 agriculteurs. Par ailleurs, l’outil va être expérimenté pour toaster le maïs utilisé pour l’engraissement des canards. « Il apparaît que toaster du maïs est bénéfique pour la digestion du canard et permet d’améliorer le produit fini », précise Bertrand Langlois.

La première table ronde s’est conclue par l’intervention de Yann Chemin dont l’entreprise fabrique des palox en bois pour l’agriculture. « 80 % de notre production est réalisée à destination de la culture de pommes de terre et nos palox sont fabriqués en Dordogne à partir de pin du massif des Landes de Gascogne. Aujourd’hui, nous avons développé le premier palox en bois pliable, ce qui permet de diviser considérablement les coûts de transport », explique le p-dg. L’entreprise Barbarie a créé aussi le tracking sur les palox qui a l’avantage pour ses clients de suivre en temps réel le niveau du stock et la provenance de la marchandise.

La ruralité comme source d’inspiration

La soirée a permis de démontrer que le milieu rural pouvait être une source d’inspiration pour les chefs d’entreprise et les associations. Ce fut d’ailleurs le thème de la seconde table ronde. Annemie Rider, présidente de l’HanGare, un tiers-lieu à Thiviers, a présenté un nouveau projet dans un ancien local de la coopérative Scar. « Sur ce site, nous allons développer un magasin de producteurs avec six fermes partenaires autour de Thiviers. Ce projet de magasin va permettre la création d’un emploi. Pour moi, le milieu rural est inspirant professionnellement car il y a une qualité de vie incomparable au milieu urbain. Par ailleurs, les échanges sont aussi plus directs et plus simples », explique Annemie Rider. 

Une autre vision de l’aménagement de bâtiment a été présentée par Laurent Guyon, directeur général de Barconnière, spécialiste de la construction métallique. Cette société existe depuis plus de 50 ans et réalise 16 millions de chiffre d’affaires par an. « Nous nous sommes demandé comment faire une gamme de bâtiments qui répondent aux besoins des clients tout en étant plus simple à produire. Nous avons donc créé quelque chose de multi-usage avec une charpente standardisée qui peut s’adapter à différents bâtiments », détaille Laurent Guyon. 

Qu’il soit agricole ou industriel, celui-ci aura donc la même charpente. Ce qui rend l’innovation intéressante, c’est que le bâtiment peut changer de destination au cours de sa vie sans avoir besoin d’être transformé complètement et sans avoir recours à des bureaux de contrôle. « Parmi les entreprises que je dirige entre la région parisienne et la Dordogne, c’est celle du Périgord qui innove le plus. C’est bien la preuve que l’on peut faire de belles choses en milieu rural. »

Mieux accueillir les collaborateurs

Innover en milieu rural nécessite de la main-d’œuvre mais les salariés n’ont pas toujours de solution de logement. Grégory Saerens, président du groupe Vigier, a trouvé la solution en proposant un logement à ses nouveaux collaborateurs. « Nous proposons des appartements dits tremplins qui ont la vocation de permettre au salarié de s’installer tranquillement. Ce logement meublé est proposé durant la période d’essai. Nous pratiquons la même stratégie avec les stagiaires car j’ai le sentiment que nous avons raté sans doute de très beaux profils car nous n’étions pas en capacité de les loger », explique Grégory Saerens.

Toutes ces interventions et les échanges entre la salle et les participants aux tables rondes ont montré que les innovations peuvent susciter de l’intérêt. Et le succès de la soirée prouve bien que l’innovation en milieu rural reste plus que jamais d’actualité.

LE PROJET FECNA

Au cours de la soirée, Laurent Duray, président de la filière d’excellence cuir, a été invité à parler du projet Fecna. « Les transformateurs de cuir que je représente étaient confrontés à un volume important de déchets de matière première dû à une mauvaise qualité du cuir. L’idée a donc été de travailler en amont sur cette qualité pour apporter de la valeur ajoutée dans les entreprises de selleries de Nouvelle-Aquitaine », explique-t-il. Un travail sur la traçabilité a été mené auprès du Comité interprofessionnel du veau sous la mère (Civo).

« Les éleveurs de veaux sous la mère ont des bêtes dont le cuir est d’excellente qualité mais ils n’étaient pas habitués à la valoriser. Plusieurs actions ont été menées tant sur l’ergonomie des bâtiments que sur l’aspect sanitaire. L’idée était de donner des clefs aux éleveurs pour qu’ils puissent avoir des bêtes bien soignées et, in fine, obtenir des cuirs sans défaut », détaille à son tour Franck Terrieux, président du Civo. La structure a également mis en place un système de traçabilité des peaux de veaux sous la mère avec les abattoirs pour allouer une rétribution aux éleveurs atteignant les objectifs du cahier des charges du projet Fecna.

EN CHIFFRES

200 personnes réunies à La Coquille pour la soirée Innover en ruralité

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