De la bande dessinée à la manière préhistorique

Sept dessinateurs de bande dessinée ont orné les parois d’une grotte du Lot à la manière des artistes de la Préhistoire. Une exposition aux Eyzies retrace leur aventure.

Que se passe-t-il lorsqu’on enferme sept dessinateurs de BD dans une grotte durant une semaine ? Qu’on se rassure immédiatement, aucun d’entre eux n’a été maltraité : il s’agit là d’une expérimentation tout à fait volontaire, menée en 2022, dans le Lot.

La petite troupe cherchait une grotte à orner après une série de visites du Sud-Ouest souterrain, quelques années plus tôt. Le Parc naturel régional des Causses du Quercy a répondu à leur appel en leur proposant d’investir une grotte dont la première salle sert de champignonnière, à quelques kilomètres du célèbre site de Pech Merle. Edmond Baudoin, Chloé Cruchaudet, Étienne Davodeau, Emmanuel Guibert, David Prudhomme, Pascal Rabaté et le Périgourdin de l’étape, Troubs, ont investi les lieux. À la seule lueur de lampes frontales et avec les pigments utilisés par les hommes préhistoriques, ils se sont essayés à l’art pariétal, à la manière des premiers artistes de l’humanité. « On a l’habitude de dessiner dans de toutes petites cases, là on est passés sur de très grandes surfaces », s’enthousiasme David Prudhomme.

De leur expérience est né l’album « Pigments », sorti en 2024 et l’exposition « L’expérience rupestre, quand la bande dessinée réenchante l’art pariétal », inaugurée le 10 octobre au Pôle international de la Préhistoire (PIP) des Eyzies. « Nous avions cette idée en tête depuis la parution de l’album et nous avons décidé au printemps dernier, de monter ce partenariat entre le Festival de la bande dessinée de Bassillac et le PIP », explique Matthieu Druillole, président du festival.

« Le support change mais c’est le même geste. »

Une partie des dessinateurs étaient présents lors de l’inauguration de l’exposition, pour revenir sur leur expérience. « L’idée était de s’amuser ; au début, on était un peu chacun dans notre coin, puis on a fini par fusionner, comme une tribu, tous ensemble », sourient les dessinateurs, qui témoignent d’une véritable émulation au sein des galeries. Chacun a expérimenté plusieurs possibilités : gravures, anamorphoses, jeux avec les ombres… « Le support change le résultat, mais au départ, c’est le même geste de dessin », explique Étienne Davodeau.

Leur travail a été immortalisé à la fois par le photographe Rémi Flament, mais aussi dans le long-métrage « Rupestres » du chercheur et documentariste Marc Azéma. Ouverte jusqu’au 4 janvier, l’exposition au PIP regroupe à la fois des planches de l’album, des photos mais aussi des extraits du film. Ils seront à terme les seuls témoins de l’œuvre des dessinateurs puisque la grotte qu’ils ont ornée ne sera jamais ouverte à la visite. Seul le photographe a pu y rentrer à nouveau, un an après leur passage, pour réaliser la modélisation qui est présentée dans l’exposition : « tout a déjà changé, l’eau a commencé à ruisseler à certains endroits et les œuvres ne sont déjà plus les mêmes qu’à leur sortie », a constaté Rémi Flament.

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