Un destin familial

Jonathan et Denis Tricou sont fiers de présenter leurs vins soigneusement élaborés chaque année, de la vigne au chai. (Ph. A. Merlingeas)

VITICULTURE. Jonathan Tricou s’est installé avec son père, Denis, au château Pech La Calevie à Pomport. Il a aussi repris en fermage 18 ha de vignes pour livrer à la cave de Monbazillac, dans cette appellation.

Le parcours professionnel de Jonathan Tricou
semble se dessiner comme une ligne droite ou une flèche qui va atteindre sa cible inexorablement. Le jeune homme évolue à son aise au château Pech La Calevie, à Pomport. Il s’est toujours destiné à s’installer ici avec son père, Denis. C’est chose faite depuis le 1er avril. Ainsi, il devient la cinquième génération à prendre les rênes de l’exploitation. « Depuis tout petit, j’ai toujours participé aux travaux. Mes vacances se passaient à aider, bricoler avec mon père et mon grand-père », raconte-t-il. 

Pour accomplir cette destinée, il a suivi un bac professionnel viticulture-œnologie au lycée de La Brie, à Monbazillac, avant d’enchaîner par un BTS obtenu en 2020. Il a réalisé son alternance au domaine familial. Une fois ses études terminées, il en est devenu salarié, le temps de préparer son intégration et le rachat de la moitié des parts sociales de la société. 

Pendant son cursus, il avoue avoir préféré la pratique, en extérieur, à la théorie, en salle. Ce tropisme le poursuit aujourd’hui : les travaux dans les vignes lui plaisent davantage que ceux au chai. « Quand je suis enfermé dans un bâtiment, cela m’énerve rapidement. C’est un peu comme quand j’étais en classe même si quand il pleut je suis bien content d’être dans le chai », s’amuse-t-il. 

Gestion du travail

Sur les 22 ha du domaine, 30 % de la récolte – environ 20 000 bouteilles, sont destinés à la vente directe et le reste part au négoce en vrac. Au total, la récolte avoisine les 1 000 hl. L’appellation monbazillac y occupe une bonne place : près de 400 hl. 

Le 1er janvier dernier, Jonathan Tricou a repris, en son nom propre, un autre vignoble en fermage. Il s’étend sur 18 ha et se situe non loin du domaine familial, à Pomport. « Il appartenait à Madame Polet qui a pris sa retraite. Elle amenait toute sa récolte à la cave de Monbazillac dans cette appellation. Je vais continuer à leur livrer. La Chambre d’agriculture nous a parlé de cette opportunité. Elle m’a accompagné dans mon installation », indique le jeune homme. Le but de cette reprise est de s’agrandir pour s’offrir de nouvelles sources de revenus. Le contrat avec la cave coopérative dure neuf ans. 

Avec cette acquisition, le travail se réorganise dans l’exploitation. Aux 22 ha du domaine initial s’ajoutent les 18 ha du nouveau vignoble. Il a fallu investir dans du matériel, notamment un tracteur adapté à l’espacement des rangs du vignoble repris. « Nous avons eu beaucoup de travail de remise à niveau de ce vignoble », souligne Denis Tricou, le père. « On en a profité pour renouveler un pulvérisateur et un tracteur chez nous », note Jonathan. Le jeune homme a bénéficié de la DJA, dotation jeune agriculteur, pour son installation.

Livrer sa vendange à la cave de Monbazillac décharge Jonathan Tricou de certains tracas et tâches comme les déclarations administratives, la vinification et la gestion des stocks. « J’ai juste les déclarations des ouvriers à faire parce que je ne gère aucun volume d’alcool », dit le jeune homme. 

L’exploitation emploie un salarié en CDI et plusieurs saisonniers durant l’année. Il a fallu embaucher un tireur de bois supplémentaire, cet hiver. « Avant, nous avions les week-ends tranquilles. Maintenant, ce n’est plus le cas », observe Jonathan. 

Assurer quantité et qualité

Quand on parle d’avenir et de projets à Jonathan Tricou, le jeune homme temporise. Il veut prendre le temps de digérer cette acquisition, la nouvelle organisation du travail et ce que la conjoncture économique leur réserve.

Jonathan Tricou affiche une certaine rigueur et éthique de travail. « Mon père, ma grand-mère m’ont enseigné à travailler proprement et à ne pas bâcler. » D’ailleurs, les vignerons montrent avec fierté les multiples médailles obtenues au concours général agricole à Paris ou à celui des vins du Sud-Ouest. « Nous ne présentons pas une cuvée mais un volume complet à chaque fois, c’est-à-dire 400 hl de monbazillac. Ce qui nous oblige à nous appliquer. Quand un négociant présente un de nos vins médaillés en grande distribution, la rémunération est meilleure », reprend Denis Tricou. Pour la vente en bouteilles (20 000 par an), le domaine a une clientèle d’habitués, localement, en France et même un peu en Angleterre. 

La priorité au Pech La Calevie reste les travaux et les soins portés à la vigne pour produire la quantité et la qualité nécessaires. « Nous avons toujours fait les rendements. Nous ne sommes peut-être pas les rois pour vendre des bouteilles mais je préfère avoir les cuves pleines », affirme Jonathan.

DOMAINE

Château Pech La Calevie

Le domaine, situé à Pomport, compte 22 ha de vignes et quelques bois. Il a 13 ha en cépages blancs (sémillon, sauvignon et muscadelle), le reste en merlot et cabernet franc pour produire des rouges et des rosés. Les vins sont en appellation monbazillac, principalement, mais également côte de bergerac, ainsi que bergerac rouge, rosé et blanc. Environ 20 000 bouteilles sont commercialisées chaque année, soit 30 % de la production. « Nous vendons essentiellement aux particuliers à la propriété. Nous  faisons partie de la Route des vins », explique Denis Tricou. Les bouteilles sont aussi écoulées à quelques restaurants locaux, au Quai Cyrano à Bergerac et en Angleterre. Le reste de la récolte part en vrac par le négoce.

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