Transmission innovante

Damien Demontpion (au centre), entouré de son frère, Rémi, et, son père, Denis, ont un cheptel de 200 mères limousines sur 273 ha. (Ph. A. Merlingeas)

INSTALLATION. Damien Demontpion s’est installé avec son père et son frère en bovins allaitants à Jumilhac-le-Grand. Il a repris une partie des terres d’un éleveur grâce au portage du foncier par la Safer.

Le parcours de Damien Demontpion illustre bien l’évolution des pratiques en matière d’installation. Pour rejoindre son père, Denis, et son frère, Rémi, sur l’élevage bovin allaitant, et créer le Gaec de Fayemendie à Jumilhac-le-Grand, le jeune éleveur a repris une partie de l’exploitation d’Éric Baudribos. Cet éleveur laitier de la commune cherchait à céder sa ferme pour arrêter définitivement son activité. Finalement, face aux difficultés pour trouver un ou des repreneurs capables de lui acheter la totalité de l’exploitation, il a décidé de diviser son bien en deux.

Damien Demontpion lui a repris 50 ha en cultures et prairies, ainsi que la stabulation, qu’il aménage, en ce moment, pour accueillir au mieux son troupeau. « On a enlevé les logettes, puis refait le béton et mis des barrières pour faire une aire paillée », explique ce dernier. Pour l’autre partie de la ferme (10 ha, la maison d’habitation et une grange), un jeune couple, hors cadre familial, a saisi l’opportunité pour créer une activité de paysan-boulanger dans le cadre d’une reconversion professionnelle.

Pour faciliter son installation, Damien a bénéficié du portage du foncier de la Safer. Il s’agit d’une mise en location à un jeune agriculteur dans le cadre d’une convention d’occupation précaire de cinq ans. Le système peut être renouvelé sous certaines conditions. Le loyer est indexé sur le barème départemental du fermage. Le portage est mis en place en partenariat avec la Région Nouvelle-Aquitaine, des coopératives, le Département et le Crédit agricole. Si les modalités varient selon le partenaire, le principe reste identique.

Alléger l’endettement

Le portage permet de différer une partie des investissements et de réduire l’endettement lors de l’installation. « Le foncier appartenait à la Safer qui m’a proposé ce système que je ne connaissais pas du tout », explique Damien Demontpion. Chaque année, il paie un loyer de 3 000 euros pour 40 ha en portage sur les 50 ha acquis au total. En parallèle, il a racheté la stabulation et quelques hectares pour la somme de 50 000 euros. 

Dans cinq ans, au moment du rachat, la somme des loyers sera déduite des 150 000 e du coût total des 40 ha en portage. « Ce système est super car je n’avais pas 150 000 euros à mettre dans le foncier. Dans cinq ans, je serai bien lancé. Nous aurons monté le troupeau. Cela ira mieux. En vaches limousines, il faut plus de deux ans : le temps de monter le troupeau et de vendre les veaux. » 

Damien Demontpion s’est installé en janvier 2021. « Je voulais le faire seul, mais c’était très compliqué. » Après un bac agro-équipement à la MFR (maison familiale rurale) de Thiviers, il commence par suivre un parcours à l’installation en Haute-Vienne afin de reprendre une ferme qui se libérait à proximité de chez lui mais le projet n’aboutira pas. Puis, l’opportunité d’acquérir une partie de la ferme d’Éric Baudribos s’est présentée. « Nous le connaissions car nous travaillions un peu avec lui. Au début, il voulait vendre la totalité mais je ne pouvais pas tout acheter », explique le jeune éleveur. 

Préparer l’avenir

Afin de consolider son installation, il a repris une autre ferme avec une cinquantaine d’hectares supplémentaires. Puis, il a racheté les 50 vaches limousines de cet élevage pour 85 000 e. Le GLBV (groupement limousin bétail et viande), la coopérative avec laquelle travaille l’élevage, a racheté une cinquantaine de veaux à sevrer de cette exploitation pour l’aider. Le Gaec a aussi investi dans du matériel en achetant trois tracteurs et une désileuse pailleuse, notamment. 

Dans son projet, il a bénéficié de l’accompagnement de Cerfrance Dordogne à Thiviers afin de réaliser l’étude prévisionnelle. Après deux ans d’activité, Damien Demontpion se dit content de son installation même si « ce n’est pas toujours facile, concède-t-il. La partie administrative est très lourde. » Il faut gérer la hausse des charges même si le prix de la viande a aussi augmenté, en parallèle.

Parmi les projets en gestation, un bâtiment photovoltaïque de 2 300 m2 devrait voir le jour en 2023 pour y installer les animaux, ainsi que stocker du foin et du matériel. « Nous avons beaucoup augmenté le cheptel. Il nous faut de la place. » Par ailleurs, dans deux ans, son père part à la retraite. Dans cette optique, les deux frères envisagent de prendre un ouvrier. « Nous verrons en fonction de la conjoncture », lâche Damien, prudent.

FERME

Gaec de Fayemendie

L’exploitation de Denis Demontpion et de ses fils, Damien et Rémi, à Jumilhac-le-Grand, comprend 273 ha, dont 100 ha de cultures (30 ha de céréales, 30 ha de maïs, 5 ha de tournesol, 35 ha de luzerne), le reste en prairies permanentes ou temporaires. Naisseurs et engraisseurs, les éleveurs ont un troupeau de 200 mères limousines, réparti sur quatre sites, et vendent leurs animaux via la coopérative GLBV (groupement limousin bétail et viande).

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