L’équilibre autour de l’eau

C’est par souci de préserver la planète pour leurs enfants, Éliott et Éléonore, que Matthieu et Clémentine Dubois ont monté leur ferme aquaponique. (Ph. L. Roth)

AQUAPONIE. Clémentine et Matthieu Dubois élèvent des poissons dont les rejets permettent de nourrir les plantes qui poussent dans leur serre de 1 900 m2, à Saint-Astier.

L’infini de leur logo symbolise le cycle vertueux de l’eau dans leur production. À Saint-Astier, Clémentine et Matthieu Dubois ont créé, il y a un an et demi, le Gaec Nature et Saveurs, leur ferme aquaponique et permacole. La production de légumes a démarré fin décembre 2022, après l’achèvement des travaux d’installation de leur serre, débutés en avril. 650 000 euros ont été nécessaires pour financer leur projet, subventionné à 50 % par le plan France relance. Un coup de pouce sans lequel l’installation des deux ingénieurs en reconversion, soutenus également par la Chambre d’agriculture de Dordogne, la Région et le Département, n’aurait pas pu avoir lieu.

Guidé par des motivations écologiques, le couple s’est lancé « pour trouver des solutions aux problèmes dont on entend parler partout : à un moment, il faut passer à l’action. L’aquaponie correspondait à notre souhait de cultiver sans aucun rejet dans l’environnement. » Désormais, c’est sous leur serre de 1 900 m2, dont 1 500 consacrés au maraîchage, qu’ils mettent en place une production sans aucun traitement phytopharmaceutique. 

D’un côté, six bacs accueillent les 72 m3 d’eau nécessaires à l’élevage de poissons (truites arc-en-ciel ou saumons de fontaine) nourris avec un aliment bio, composé à 30 % des rejets d’une usine fabriquant des conserves de sardines. Toute l’eau utilisée par l’installation tombe du ciel : il s’agit uniquement d’eau de pluie récupérée grâce à des cheneaux sur le toit de la serre. 

80 % des besoins couverts

Les excréments rejetés par les poissons sont recueillis, filtrés et reminéralisés afin d’être renvoyés via l’eau, aux plantes qui poussent de l’autre côté de la serre. Installées sur des radeaux et développant leurs racines directement dans l’eau, elles y puisent les nutriments nécessaires à leur développement. « 80 % des besoins des plantes sont couverts par les rejets des poissons », assure Matthieu Dubois. Les 20 % restants sont apportés grâce à une complémentation de l’eau en oligo-éléments et minéraux. « Nous effectuons un suivi mensuel et nous dosons chaque élément en fonction du stade de développement des plantes », ajoute-t-il. L’eau retourne ensuite aux poissons et le cycle recommence.

Quantité de légumes différents poussent sous la serre en cette fin d’été : tomates, poivrons, aubergines, concombres, haricots… « Notre limite, ce sont les légumes à bulbes », précise Matthieu Dubois, qui a également installé plusieurs arbres tropicaux comme un avocatier, un manguier, un bananier ou encore un papayer pour voir s’il parvient à obtenir des fruits. 

Durant cette première année, le couple teste les variétés, réfléchit à des plantations “en strates” pour améliorer la production. « On organise les plantes en fonction de la température : là, nous avons mis des courges pour essayer de bloquer le soleil devant les haricots, qui craignent un peu plus la chaleur », explique Matthieu. « Pour l’instant, nous ne sommes qu’à 30 % de la capacité de production de la serre », constate Clémentine, qui souhaite voir ce chiffre progresser au fil du temps. Pour préserver l’équilibre biologique de la serre, les plantes sont traitées au savon noir, au bicarbonate de potassium ou grâce à la lutte biologique. « Nous avons installé des hôtels à insectes et nous introduisons différents prédateurs pour venir à bout des ravageurs qui attaquent nos plants. » 

Les légumes récoltés sont vendus en direct à la ferme, sur les marchés de Périgueux et Saint-Astier, dans des points relais avec d’autres producteurs, et via La Ruche qui dit oui ou cagettes.net.
« Notre objectif à terme est de commercialiser en circuit court, à 30 km à la ronde maximum », explique Matthieu Dubois, qui fournit aussi les restaurateurs locaux, sur commande, en légumes, micro-pousses et poissons frais.

EN CHIFFRES

90 % d’eau en moins qu’en maraîchage classique

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