Créatrice de lumières

Nadège Tricard peut passer entre deux et vingt heures maximum à confectionner ou restaurer un abat-jour. (Ph. L. Lemaire)

ARTISANAT. Après une carrière très diverse, Nadège Tricard a monté son entreprise d’abat-jour, Maison Tricard, en 2018, au Bugue. Elle y marie les styles et les matières telles que le parchemin ou la dentelle.

En 2018, dans les sous-sols du 40 grand rue, au Bugue, Nadège Tricard, ancienne chef de projet d’un bureau d’études en emballages cartons, ancienne commerciale, ex-secrétaire et gestionnaire administrative, décide de se reconvertir et lance Maison Tricard, son auto-entreprise de création et restauration d’abat-jour. Et la lumière fut. À l’époque, ils sont nombreux, dans son entourage, à lui signifier que ce n’est pas la première orientation à laquelle ils auraient pensé pour, sinon devenir millionnaire, au moins gagner leur vie.

Après cinq ans d’existence, Maison Tricard peut tranquillement faire taire les plus sceptiques. « Je ne gagne pas des mille et des cents et il me faudra quelques années encore pour en vivre confortablement. Mais au moins, je peux dire que je suis toujours là », sourit Nadège, non sans une certaine fierté. Car l’abat-jouriste a découvert avec le temps qu’être, comme elle se définit elle-même, « créatrice de lumière » ne suffit pas. « Il faut réussir à tout faire quand on a une entreprise : la compta, la commercialisation, les relances, la communication… »

C’est ainsi qu’elle remercie toutes les sinuosités de son parcours de vie, qui l’ont amenée à aujourd’hui, habiller de dentelles, de tissus design ou de parchemin des carcasses de lampes anciennes, chinées ou héritées. « Je n’aurais pas pu faire ça avant. Tout mon parcours m’a menée là. »

« Je dis “oui” à tout »

“Là”, c’est donc dans le sous-sol de sa maison qu’elle a aménagé pour en faire son tout petit atelier. Tout petit mais lumineux, évidemment, rempli de lampes aux styles très différents. Là, un abat-jour citrouille violet qui voisine avec une clochette victorienne. En face, un coin plus… coquin où de la dentelle rouge ou du tissu clair, directement récupéré d’un corset de femme, donne une touche sexy et moderne à des lampes tulipes.

Victorien, asiatique, Art-déco, conique, rectangulaire, pagode ovale, carré alsacien… Nadège Tricard ne s’interdit aucune époque ni aucune forme. « Ma seule contrainte, c’est la technique. Sinon, je dis “oui” à tout. Je ne suis pas là pour juger. Une fois que mon abat-jour est fait, c’est le client qui vit avec », constate Nadège, pragmatique, qui construit sa création autour d’une discussion qu’elle a avec ses clients. « La plupart du temps, ils savent ce qu’ils veulent. Je suis là pour les conseiller, leur apporter une plus-value. »

Elle travaille ainsi avec des restaurateurs comme Charbonnel à Brantôme, des décorateurs, des hôtels et parfois des tapissiers, en plus des particuliers qu’elle rencontre lors des nombreux salons auxquels elle participe volontiers.

Développer le parchemin

Tant et si bien qu’il lui est arrivé de monter jusqu’à 150 abat-jour par an en commande. « Quand on sait que le temps de travail sur une pièce peut varier de deux heures pour un conique classique à dix, quinze ou vingt heures maximum, la charge de travail peut monter très vite. »

En cinq ans, Maison Tricard a acquis une certaine assise. Nadège est contactée pour créer ou restaurer des abat-jour dans toute la France. Tout en confirmant sa place, elle aimerait développer ses créations décalées et son travail avec des matières originales telles que le parchemin. « Le parchemin est une matière d’une grande solidité. Sa résistance permet aux abat-jour de durer. C’est très écolo, n’en déplaise aux vegans. » Par ailleurs, il procure à la lumière une teinte particulière, douce, claire et bien répartie. Nadège Tricard travaille avec la tannerie parcheminerie Dumas, avec de la peau de chèvre, de chevreau, le vélin et la peau d’autruche. Elle aimerait développer cette gamme de luxe où chaque parchemin donne un abat-jour d’autant plus unique qu’aucune peau ne ressemble à une autre.

EN CHIFFRES

80 euros prix minimum pour un abat-jour confectionné par Nadège 

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