Face à la parole qui se libère

Les élus ont besoin d’informations pour rediriger les victimes de violences intrafamiliales. (Ph. A. M.)

Violences intrafamiliales. Une réunion de sensibilisation des élus s’est déroulée à Thiviers, le 20 octobre, en présence de Valérie de Pauw, déléguée départementale aux droits des femmes.

« Je peux vous dire, comme mes collègues maires, que nous recevons, hélas, de plus en plus de femmes seules, qui subissent des agressions, qu’elles soient verbales ou physiques, et même du harcèlement. Cette réunion est importante car nous sommes démunis quant aux moyens, au réconfort et aux solutions à apporter », a lancé Isabelle Hyvoz, maire de Thiviers, en introduction de la réunion de sensibilisation des élus aux violences intrafamiliales (VIF), organisée le 20 octobre à la salle du parc de la commune du Périgord vert.

Pierre Bressolles, sous-préfet de Nontron, a fait un premier état des lieux. Les chiffres des faits constatés en Dordogne, entre 2021 et 2022, montrent une progression de 10 % en zone gendarmerie. « Aucun territoire ni milieu social ne sont protégés contre ce phénomène. » La libération progressive de la parole depuis le Grenelle des violences conjugales en 2019 n’indique pas forcément une réelle augmentation des faits mais juste une révélation au grand jour de ceux-ci. Par ailleurs, les territoires ruraux sont impactés au moins autant que les zones urbaines. En France, un féminicide sur deux a lieu en milieu rural.

Des fiches réflexes

Valérie de Pauw, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité femmes/hommes, a livré les chiffres des homicides en France liés aux violences intrafamiliales (198 en 2019, 145 en 2021). En 2021, 122 femmes sont décédées de ces violences, 21 hommes et deux enfants. 

Ensuite, elle a réalisé une typologie des violences qui peuvent être physiques, psychologiques, sexuelles, économiques, administratives ou verbales. Comment repérer les violences intrafamiliales ? « Elles concernent tous les milieux, tous les âges, niveaux d’études et cultures », a insisté la déléguée. Les jeunes sont quand même plus touchés avec deux moments à risques : pendant la grossesse et lors de la séparation du couple.

Des fiches réflexes ont été créées par l’État pour les élus afin qu’ils sachent comment accueillir et orienter des personnes qui subissent des violences conjugales en pratiquant l’écoute active et bienveillante. Il s’agit d’évaluer la situation et de penser à composer le 17 si la victime souhaite porter plainte ou le 115 afin d’organiser sa mise à l’abri dans un logement d’urgence. Gratuit et anonyme, le 3919 est accessible 24 heures sur 24 pour les victimes de violences conjugales. Enfin, la plateforme départementale eva24.fr constitue un autre outil pour lutter contre les violences conjugales sexistes et sexuelles.

Valérie de Pauw a souligné le dynamisme des structures et de leurs actions en Dordogne. Différents acteurs sont intervenus durant la réunion comme Sarah Laffargue, gendarme de la Maison de protection des familles (MPF), trois représentants de la cellule locale d’atteintes aux personnes (Clap) de Nontron, créée le 1er avril couvrant 125 communes, Michel Gautron, médecin de l’unité médico-judiciaire du centre hospitalier de Périgueux, et Nathalie Verdier, directrice du centre d’information sur les droits des femmes et des familles (Cidff). « Beaucoup de départements n’ont pas de Clap, en
Nouvelle-Aquitaine et ailleurs. Nous sommes chanceux d’en avoir quatre sur le territoire, ainsi que la Maison de protection des familles pour la prévention »,
a affirmé Valérie de Pauw.

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