Coup de colère des agriculteurs

Mobilisation. Les exploitants agricoles du département se sont mobilisés, cette semaine, en investissant les ronds-points des principales villes du département. Ils se sentent étranglés par les charges et les normes.

Une mobilisation de grande ampleur. Voilà comment on peut résumer cette semaine de manifestation organisée par les agriculteurs du département. Cette mobilisation a débuté, mardi 23 janvier, par un rassemblement simultané à Bergerac, La Bachellerie et Thiviers. À Bergerac, ils étaient entre 200 et 300 agriculteurs sur place avec 70 tracteurs, dès 10 h, pour bloquer le rond-point de l’aéroport sur la RN 21.

Dans le cortège, certains visages sont jeunes et déjà très préoccupés par la situation à l’image d’Axelle Mayet, installée depuis trois ans en viticulture à Razac-de-Saussignac. « Nous avons des charges qui augmentent sur tous les postes de l’exploitation sans pouvoir compenser. Le prix du vin en vrac, par exemple, est inférieur au coût de production ; sans parler du prix des céréales qui n’est pas à la hauteur. Pourtant, nous travaillons énormément sans être reconnus pour notre travail, tant au niveau du salaire que de la part de l’État », se désole-t-elle.

Ce ras-le-bol était aussi partagé par son collègue Anthony Castaing, vigneron à Pomport. « Nous, la seule chose que nous souhaitons c’est travailler et vivre de notre métier. Aujourd’hui, c’est un cri d’espoir, sans doute le dernier. Il n’est pas normal de passer autant de temps devant un ordinateur que dans nos vignes. Sans parler des intermédiaires administratifs qu’il faut payer pour nous aider à écrire ces dossiers », estime-t-il avant d’évoquer une solution : « Du point de vue de la rentabilité, si vous ajoutez 0,50 Ä de plus par bouteille, je pense que vous réglez un grand nombre de problèmes ».

Se faire entendre 

Pour être le plus visible possible, le cortège bergeracois s’est divisé en trois en fin de matinée direction les ronds-points de Creysse mais aussi de la Cavaille. La plupart des automobilistes interrogés aux abords de ces derniers étaient compréhensifs : « Le mouvement est logique. Qui peut vivre avec un Smic aujourd’hui ? Personne. Ils ont raison de pouvoir se faire entendre », estime ainsi Roland Bodoin, chauffeur.

À Bergerac, comme dans les autres cortèges, l’Europe est dans tous les esprits. Pour les agriculteurs, les engagements de la Politique agricole commune ne sont pas respectés. « L’objectif de notre mouvement est de faire réagir jusqu’à Bruxelles. Le combat est avant tout économique, entre une inflation galopante et des prix qui n’augmentent pas. À titre d’exemple, nos coûts de production ont pris 10 % ; ce n’est pas vivable », estime Éric Chadourne, vigneron à Creysse.

Un mouvement qui s’est amplifié

Le lendemain, les agriculteurs ont amplifié leur mouvement en se donnant rendez-vous à l’entrée de Périgueux. Ils sont partis de Ribérac, Thiviers et Bergerac, pour prendre possession des ronds-points au niveau du pont du cerf. À la mi-journée, la circulation était impossible pour les automobilistes tout comme l’accès à l’autoroute de Bergerac. 

« Je suis installé depuis cinq ans. Je suis obligé de travailler en dehors de mon exploitation car je n’arrive pas à me tirer ne serait-ce qu’un Smic. Ma stratégie est simple : dès que j’aurai fini de rembourser mes emprunts, je quitte ce métier d’agriculteur », s’est ainsi exprimé Alban Faulconnier,
éleveur bovin à Montrem. Un état d’esprit qui illustre bien la situation catastrophique des agriculteurs.

RÉACTION

Claudine Faure, présidente Réussir le Périgord

« Le journal Réussir le Périgord ne peut que soutenir les agriculteurs du pays, et de Dordogne en particulier. Aujourd’hui, on se rend compte qu’ils sont tous touchés par les difficultés, du petit agriculteur qui a 50 ares à celui qui possède 500 ha. En France, nous n’avons plus la souveraineté alimentaire alors que c’est grâce aux agriculteurs que nous pourrons nous en approcher. Je comprends leurs demandes et je soutiens leurs revendications. Nous avons une agriculture française extrêmement vertueuse avec des produits de qualité. C’est une chance inouïe que le peuple français soutienne ses agriculteurs. Il va falloir que ce soit suivi d’effets. »


En images

Le désespoir et l’inquiétude des agriculteurs pouvaient se lire sur des affiches. (Ph. T. M.)
À Bergerac, des pneus ont été déversés à la mi-journée, mardi 23 janvier, sur le rond-point e Creysse. (Ph. Th. M.)
Axelle Mayet s’est installée en viticulture 2021 et elle se dit déjà très inquiète de sa situation. (Ph. Th. M.)
À Périgueux, le rassemblement a également mobilisé un nombre important d’agriculteurs. (Ph. Th. M.)
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