Les artisans du BTP en ont gros

Fabrice Valegeas et Benoît Jean-Louis seront attentifs aux réponses faites à leurs réclamations. (Ph. L. Lemaire)

[Colère] La Capeb tire la sonnette d’alarme sur trois thématiques qui mettent à mal les artisans du bâtiment, dans un contexte économique déjà dégradé et menace d’une action plus musclée si rien n’est fait.

Ils sont à deux doigts d’aller rejoindre les agriculteurs car leur colère n’est pas moins grande. « Nous savons fédérer. Pour l’instant, nous le faisons gentiment. Mais s’il faut aller taper du poing sur la table, en janvier, nous le ferons. » Benoît Jean-Louis, président de la Capeb 24 tempère néanmoins : « Nous sommes en colère mais surtout inquiets« .

Au premier rang de leurs sujets de préoccupation, le dispositif MaPrimeRénov’. Dans un contexte économique « critique, avec une activité dans le bâtiment fragilisée et les trésoreries des artisans tendues« , les professionnels ont besoin de compter sur des commandes sûres. L’aide financière qu’assurait MaPrimeRénov’ aux particuliers désireux de lancer un chantier de rénovation permettait de stabiliser les carnets de commandes. « 79 % des entreprises du bâtiment considèrent que cette aide est décisive pour leurs clients« , assure Benoît Jean-Louis. Or, les incertitudes qui ont plané autour (son arrêt en été), les fraudes dues à des entreprises peu scrupuleuses ainsi que les délais d’instruction et de paiement des dossiers ont mis à mal l’activité. « C’est compliqué pour les petites entreprises d’attendre entre 12 et 15 mois pour être payées« , remarque le président de la Capeb. « Nous réclamons aussi de pouvoir laisser la liberté au client d’échelonner ses tranches de travaux et ne pas consommer d’un seul coup son enveloppe d’aide« , ajoute Magali Tournier, secrétaire générale de la Capeb 24, qui aimerait qu’on « simplifie les choses avec un fonctionnement plus adapté. Avant, il y avait le crédit d’impôt ; c’était compréhensible par tous. »

Un meilleur maillage

La responsabilité élargie du producteur (REP) est le deuxième de leurs soucis. « Cela signifie que le producteur est responsable d’un matériau jusqu’à son état de déchet. Nous payons l’écocontribution pour ça, précise Fabrice Valegeas, vice-président de la Capeb 24. Nous, artisans, devons déposer ces déchets dans des points de collecte. » En Dordogne, seulement 76 points de collecte, dont 10 exclusivement réservés aux professionnels, sont à disposition des 4 800 entreprises du BTP. « Cela nous force à nous rendre en déchetterie publique pour laisser nos produits. Nous payons deux fois (l’écocontribution et la déchetterie), et ça se répercute forcément sur le client. Payer, ok. Mais il faut qu’il y ait le service. Nous voulons un meilleur maillage« , ajoute Benoît Jean-Louis.

Enfin, la Capeb dénonce le statut de micro-entreprise. Créé pour être un tremplin avant un statut plus classique, il est devenu la norme. « C’est un statut précaire, dangereux et inadapté pour les métiers du bâtiment, pour la sécurité mais aussi la prise en charge sociale insuffisante« , dénonce Magali Tournier. « Nous aimerions le limiter à deux ans« , complète Benoît Jean-Louis.

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