À l’appel de la Coordination rurale 24, les agriculteurs se sont mobilisés à Périgueux et Bergerac, le 11 décembre, pour soutenir leurs collègues ariégeois contre l’abattage total des troupeaux.
Jeudi 11 décembre, un peu avant 21 heures, des agriculteurs de Dordogne ont manifesté à la préfecture, puis à la DDETSPP, à Périgueux, ainsi qu’au même moment à la sous-préfecture de Bergerac pour apporter leur soutien à leurs collègues en Ariège, dans le village des Bordes-sur-Arize, pour s’opposer à l’abattage total d’un troupeau de vaches (200 blondes d’Aquitaine) dans lequel un cas de DNC avait été détecté. Des membres de la Confédération paysanne les avaient rejoints. À Périgueux, ils sont arrivés avec les tracteurs, des pailleuses, les bennes pleines de déchets et pneus et des tonnes à lisier. Ils ont commencé par déverser de la paille devant les grilles de la préfecture et à l’intérieur avant d’ériger un mur de bottes de paille devant le portail d’entrée. Ces actions se sont passées dans le calme, après avoir discuté avec les forces de l’ordre qui les attendaient. La préfète est même venue un moment.
L’abattage total, « une hérésie »
Les agriculteurs demandent l’arrêt du protocole de l’État qui impose l’abattage total des animaux en cas de DNC, tuberculose bovine et grippe aviaire, notamment. » On n’arrive pas à comprendre les décisions qui sont prises. Ça a commencé dans le Doubs avec une bête positive alors que le cheptel était vacciné. La ministre de l’Agriculture a ordonné l’abattage total. Même chose dans l’Ariège, la seule réponse est l’abattage total. Des syndicats, comme la CR, ont proposé un protocole différent. Il s’agit d’abattre la vache positive et d’accentuer la vaccination du cheptel restant et de mettre sous cloche l’exploitation en attendant de voir l’évolution de la maladie « , a expliqué Eric Botter, représentant de la CR 24 et élu à la Chambre d’agriculture.
Les agriculteurs dénoncent les conséquences dramatiques engendrées par l’abattage des troupeaux au sein des familles d’agriculteurs concernées. » Malgré les indemnisations des cheptels abattus, à l’heure actuelle, les agriculteurs sont quasiment incapables de repartir, notamment à cause de la difficulté à trouver des animaux qui sont à des tarifs d’achat très élevés. C’est un travail de sélection des bovins réalisé parfois depuis plusieurs générations qui part en fumée « , a ajouté l’éleveur de limousines à Payzac qui dénonce » l’hérésie « de l’abattage total. » Surtout que la DNC n’est pas transmissible à l’homme et n’impacte pas la production « , a-t-il ajouté. C’est en substance le même discours qu’ont tenu Rémi Mespoulède et Thomas Parot, représentant la CR 24, aux manifestants venus à la préfecture de Périgueux dans la soirée.
Fortes tensions en Ariège
La veille, une délégation d’une quinzaine d’agriculteurs était partie de Dordogne, à l’appel de la CR 24 et de la Confédération paysanne, dont Rémi Dumaure, président de la Chambre d’agriculture de Dordogne, Justin Losson et Vincent Cascales, coprésidents de la CR 24, pour se rendre sur la ferme en Ariège où plusieurs centaines de manifestants étaient présents.
Dans la journée, les tensions étaient vives avec les forces de l’ordre qui tentaient de déloger les manifestants, endommageant des véhicules. » On ne va pas lâcher ! Il faut se battre, on n’a pas le choix ! « , annonçait Rémi Dumaure dans une vidéo postée sur son Facebook dans l’après-midi. » On va tenir le siège autant que l’on pourra. «
Dans un communiqué publié le 11 décembre dans la journée, Bertrand Venteau, président national de la CR, lançait un appel à la mobilisation nationale contre la décision de l’État de maintenir l’abattage total dans les territoires. Il demandait aussi à la ministre, Annie Genevard, de revoir son protocole.
En fin de journée, Hervé Brabant, le préfet de l’Ariège, annonçait dans un communiqué que les éleveurs concernés par un cas de DNC acceptaient les mesures de dépeuplement. Le préfet demandait à » tous les manifestants de respecter cette volonté des éleveurs et de quitter les lieux dans le calme « afin d’éviter une » situation d’affrontement « . Dans la soirée, la situation était toujours tendue aux abords de la ferme. Finalement, les CRS sont parvenus jusqu’à la ferme et les manifestants ont cessé le blocage.
À Périgueux, après la préfecture, les agriculteurs se sont rendus à la DDETSPP avant de terminer la nuit par un casse-croûte, sous les guirlandes de Noël au rond-point de Leclerc, à Trélissac, où sont venus les rejoindre Rémi Dumaure et Vincent Cascales, revenus d’Ariège.