L’abattoir sur de bons rails

[Économie] Dans un contexte où le monde des abattoirs est en difficulté, celui de Bergerac bénéficie d’un autre sursis avec l’entrée à son capital de l’association d’éleveurs Asseldor, à hauteur de 50 000 €.

« Je ne peux pas m’engager à 100 % en disant qu’on a sauvé l’abattoir ; ce n’est pas vrai. Mais je pense que c’est en bonne voie. » Le président de la Chambre d’agriculture de la Dordogne, Rémi Dumaure, peut se réjouir. Alors que le monde des abattoirs publics était particulièrement mis à mal avec, notamment, la fermeture de l’abattoir d’Eymet depuis le 18 septembre – la situation a évolué depuis (cf encadré), l’avenir du site de Bergerac a vu se dessiner une éclaircie. Tous les acteurs importants pour sa gestion ont été réunis, mardi 30 septembre, à l’initiative de la Chambre d’agriculture.

« Même si c’est difficile de mettre tous les horizons politiques autour d’une même table, nous avons réussi à répondre aux sollicitations du directeur de l’abattoir qui nous demandait de l’aide« , se félicite-t-il. Mieux. Au terme de cette réunion, Asseldor (Association des éleveurs de Dordogne) s’est engagée à prendre part au capital à hauteur de 50 000 €, soit 15 % du financement total. « Il fallait qu’on trouve 50 000 € pour réinvestir 85 % de financement public« , résume-t-il.

Un engagement commun

« Nous avions validé le principe d’une nouvelle augmentation de capital, en 2020, pour permettre de faire les investissements nécessaires. Nous avons déjà fait une avance en compte courant de 100 000 €, qui va être transformée en capital. Pour la CAB, nous en sommes à 220 000 €, détaille Frédéric Delmarès, président de la Communauté d’agglomération bergeracoise. Ça, ce n’est que pour le fonctionnement. »

Côté investissement, « l’État s’engage à financer à hauteur de 700 000 € de même que la Région, le Conseil départemental et la CAB. Tout le monde est engagé« , se réjouit Rémi Dumaure. « En termes de dynamique du territoire, c’est important pour la CAB de garder cet outil. L’abattoir est quand même un des derniers abattoirs publics« , argue Frédéric Delmarès, qui martèle encore : « Il est hors de question pour la CAB d’abandonner cet outil. On fera tout ce qu’il faut pour que cet abattoir perdure.« 

Des travaux début 2026

Pour rappel, l’avenir de l’abattoir était encore flou au printemps dernier. Il affichait en effet un déficit cumulé de plus de 400 000 €, malgré une augmentation du chiffre d’affaires de 5 % durant l’année 2024, ainsi qu’une hausse de l’activité traduite par 470 tonnes de plus traitées à l’année.

Pour autant, c’est au niveau du fonctionnement que le bât blesse. Les charges pèsent depuis longtemps sur la gestion de l’abattoir. « Nous avons demandé au maire de Bergerac de voir s’il était possible d’instaurer un moratoire sur cette redevance, c’est-à-dire demander un arrêt de la redevance pendant trois ans« , explique Rémi Dumaure. Ce à quoi Jonathan Prioleaud a répondu à nos confrères de Sud Ouest que deux solutions se présentaient : « La Ville reporte la charge de l’emprunt à un moment de meilleure fortune pour l’abattoir ou nous appliquons une taxe d’usage pour les éleveurs« .

Par ailleurs, des travaux de mise aux normes générale du lieu et de réfection de l’atelier de découpe sont prévus pour le premier semestre 2026. Ce dernier avait été détruit suite à un incendie en 2020. Depuis, les assurances ont statué et le marché avec consultation publique a été lancé. Cet atelier de découpe confié à un prestataire « apportera un loyer en plus à l’abattoir« , prédit Rémi Dumaure.

Une assemblée extraordinaire de la Semab (société d’économie mixte de l’abattoir de Bergerac) aura lieu le 5 novembre prochain pour entériner toutes ces pistes d’évolution. « C’est là que se jouera vraiment l’avenir de l’abattoir« , assène le président de la Chambre d’agriculture.

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