[Mobilisation] À l’appel de la FNSEA, les militants locaux ont mené une action de vérification des origines des produits et d’échanges avec les consommateurs dans les grandes surfaces de Bergerac.
Les tracteurs n’étaient pas de sortie, vendredi 26 septembre, mais quelques drapeaux FDSEA ont été brandis devant les magasins Intermarché, à Creysse, et Grand Frais, à Bergerac. S’il n’était pas question de ne pas répondre à l’appel à la mobilisation lancé par le syndicat au niveau national, le rassemblement en Dordogne a un peu pâti de la concomitance de Terra’Meuh, qui a mobilisé nombre de Jeunes Agriculteurs à Terrasson, ainsi que de la session de la Chambre d’agriculture, prévue l’après-midi même à Périgueux. Cela n’a pas empêché la poignée de militants, dont Joël Fréret, président de la FDSEA Dordogne, de se poster aux entrées de magasins, pour commencer par sensibiliser les consommateurs. « Nous voulons leur demander s’ils ont compris les problématiques des agriculteurs et s’ils sont capables de nous soutenir, par rapport au Mercosur. » L’opposition au traité de libre-échange avec les pays d’Amérique du sud était au cœur de l’appel à la mobilisation.
L’échange s’engage avec une cliente de la galerie commerciale, à Creysse, interpellée à l’entrée. « On a besoin de vous, consommateurs, pour acheter français et vous avez besoin de nous pour avoir de bons produits », insiste Joël Fréret. Elle acquiesce. Quelques minutes avant, sur le parking, un autre a offert des paquets de crêpes aux agriculteurs comme marque de soutien. « Continuez votre combat, beaucoup de Français vous soutiennent », glisse la cliente avant de repartir à ses courses.
Noix d’Ukraine
La petite troupe est ensuite passée dans les rayons « pour aller vérifier les origines » et apposer des étiquettes sur les produits ne correspondant pas aux normes françaises. Le directeur du magasin, Jean-Noël Brégère, les accueille, plutôt serein. « On ne vient ni casser, ni prélever », rassure Joël Fréret. « Nous faisons la démarche de favoriser les produits français dans nos magasins, indique le directeur. Nous respectons leur mouvement, puisque ce sont nos partenaires de tous les jours. » « Mais l’agriculture française se dégrade très vite, prévient Pierre Veyssi, éleveur à Beaumontois-en-Périgord. À un moment donné, vous n’aurez plus la ressource locale ou régionale, si vous n’êtes pas attentifs à la préserver et vous finirez par vendre des viandes piquées aux hormones venues d’ailleurs. »
Au niveau des fruits, Joël Fréret est content de voir « beaucoup de pommes françaises sur les étalages, alors qu’on est en pleine récolte ». En revanche, un peu plus loin, au rayon bio vrac, les noix venues d’Ukraine font grincer des dents Pierre Veyssi : « Dans un département qui fait de la noix, c’est incompréhensible ! » Le directeur assure que ses équipes ont pris des contacts, la semaine précédente, pour trouver des fournisseurs locaux.
« On se vante qu’on veut mettre du bio dans les assiettes, mais nous, on se bat pour que ce soit du bio français », appuie Marie Griffaton, qui élève des poules en bio à Cunèges. Mais la balle est aussi dans le camp des consommateurs : « il y a une discordance entre ce qu’ils demandent qu’on produise et ce qu’ils veulent payer. » Résultat pour les producteurs, « à l’heure actuelle, tous ceux qui sont en bio sont en grande difficulté, c’est une période très compliquée ».