Favoriser le retour à la terre

45 000 tonnes de compost sont produites par Paprec Agro chaque année. Un produit qui est ensuite valorisé par les agriculteurs. (Ph. Théophile Mercier)

Paprec Agro, basée à Saint-Christophe-de-Double et Saint-Paul-la-Roche, s’est spécialisée dans la production de compost et la valorisation du bois. Une écoferme a également été développée.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Ce principe, énoncé par le chimiste Antoine Lavoisier, est la philosophie de l’entreprise Paprec Agro, spécialisée dans le compostage et la valorisation du bois. Répartie sur deux sites, Saint-Christophe-de-Double et Saint-Paul-la-Roche, elle valorise des déchets verts qui proviennent des collectivités locales mais aussi des paysagistes. Le bois, lui, est issu de scieries ou du secteur de l’industrie pour la catégorie classe A ; il s’agit de déchets de bois d’emballage non traités et non peints (palettes, caisses, cagettes…). L’ensemble est transformé en biomasse (source d’énergie) pour des chaufferies bois. 

La seconde catégorie, dite classe B, provient de la filière du recyclage, des déchetteries en particulier où l’on peut trouver du bois non dangereux, faiblement traité, peint ou vernis. Il correspond aux bois d’ameublement (planches, contre-plaqué, etc.) et aux bois de démolition. Cette catégorie est utilisée pour la production de panneaux de particules. Entre 20 et 25 000 tonnes de déchets bois sont valorisés chaque année dans chaque catégorie. Pour ce qui est du compost, là encore, deux catégories sont produites : l’une conventionnelle et l’autre 100 % végétale. « La première est utilisée en grande culture, en remplacement des engrais de fond. Cela permet aux agriculteurs de diminuer l’usage de l’azote sur les terres. Il n’y a donc pas de lessivage », explique Hélène Renard, chargée d’affaires chez Paprec Agro. 

De meilleurs rendements

Le compost 100 % végétal est agréé en agriculture biologique. Il est vert quand sa maturation ne dépasse pas deux mois. Les maraîchers peuvent s’en servir principalement pour amender les sols. En revanche, pour une utilisation immédiate sur la parcelle, Paprec Agro commercialise du compost maturé pendant six mois. « Les résultats sont proches du terreau, avec des propriétés qui permettent aux maraîchers d’augmenter leurs rendements », ajoute Hélène Renard. 

Au quotidien, son travail est d’accompagner les agriculteurs dans une démarche de réduction de leur empreinte carbone par l’apport de matière organique. Pour ce faire, elle s’est entourée d’un réseau de 450 agriculteurs avec lesquels elle mène des expérimentations. « Nous apportons du compost chez des groupes d’agriculteurs partenaires sur des parcelles de plein champ. Nous évaluons également les dosages de matière organique, la synergie avec les couverts végétaux pour étudier ceux qui résistent le mieux et aussi les résultats en fonction du travail du sol », détaille Hélène Renard. Menées depuis cinq ans, ces expérimentations ont permis à certains maïsiculteurs du réseau, d’augmenter leur rendement de 15 q/ha. « Aujourd’hui, plus vous apportez de matière organique dans le sol, plus vous augmentez la réserve en eau de la plante. C’est d’autant plus intéressant en période de sécheresse. D’où l’utilité du compost », ajoute-t-elle.

Une écoferme pédagogique

En parallèle de son activité, Paprec Agro développe, depuis 2014, un projet d’écoferme avec pour objectif de faire émerger des projets agro-écologiques. « C’est un lieu d’expérimentation avec de l’élevage de moutons et des vaches highland cattle pour l’entretien du site, de l’agroforesterie et plus récemment du maraîchage », explique la chargée d’affaires. 

Cette partie est assurée par Nadège Laborie et Jonathan Ghazi-Nouri, un couple périgourdin installé depuis un an sur le site avec l’aide de la Dotation jeune agriculteur. Les deux exploitants ont investi 110 000 e pour réaliser leur projet. Ensemble, ils entretiennent 1,8 ha dont 5 000 m2 sont mis en culture. « Notre conduite consiste à produire des légumes tout au long de la saison pour la grande distribution et des magasins spécialisés. Nous faisons également un peu de vente directe pour les salariés de Paprec Agro et certains riverains autour de la ferme, à qui nous envoyons chaque semaine notre liste de légumes », explique Jonathan Ghazi-Nouri qui produit cette année près de 14 variétés. Le couple travaille ses parcelles en agradation, c’est-à-dire qu’ils améliorent la vie du sol en apportant de la matière organique, via du compost issu de Paprec Agro. Ils ont également choisi de travailler le sol superficiellement pour ne pas le dégrader.

Les débuts de ces maraîchers sont prometteurs car les rendements sont meilleurs que leurs prévisions : « Nous attendions 1,9 tonne de tomates de serre et nous avons récolté en réalité 4 tonnes. Forts de ces résultats, nous allons passer l’année prochaine de 5 000 m2 à 1 ha de surface cultivée. Financièrement nous avons atteint notre objectif de 25 000 e de chiffre d’affaires avec l’ambition de le doubler l’année prochaine », explique le maraîcher. L’autre facette de cette exploitation est de pouvoir ouvrir le site aux visiteurs. Paprec Agro a pour cela mis en place un espace pédagogique, composé d’une salle dédiée à la réflexion sur la biodiversité et un parcours à la ferme. 

« J’ai une formation d’animateur environnement. Je me sers de cette compétence lors des visites que ce soit des particuliers ou des collectivités », explique Jonathan Ghazi-Nouri. Près de 700 visiteurs ont ainsi été accueillis cette année. Un aspect pédagogique qui devrait prendre encore de l’ampleur dans les prochaines années.

En chiffres

700 visiteurs accueillis à l’écoferme cette année

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