Chaussures responsables

Chez Chamberlan, toutes les étapes de la fabrication sont réalisées sur place, avec des matières au maximum françaises. (Ph. L. Roth)

RSE. Les dirigeants de Chamberlan souhaitent lancer une Convention des entreprises pour le climat au niveau régional, pour fédérer les chefs d’entreprise autour d’enjeux environnementaux.

La responsabilité environnementale fait partie de l’ADN de Chamberlan. L’entreprise, installée depuis 2016 en Périgord vert – d’abord à Nontron, puis à Saint-Martial-de-Valette, fabrique des chaussures sur-mesure. Dès l’origine, Sophie Engster et Franck Le Franc, ses deux fondateurs, se sont inscrits dans une volonté d’aller à l’encontre de la mode jetable. « Nous avons très peu de chaussures en stock puisque nous fabriquons tout à la demande », indique Sophie Engster, avant de rappeler que 87 % des chaussures produites dans le monde proviennent d’Asie. « En plus d’être fabriquées dans des conditions de travail et environnementales déplorables, une paire de chaussures qui vient du Bangladesh fait 6 000 km pour arriver jusqu’à nous. Et on ne sait pas les recycler puisqu’elles sont fabriquées à partir d’un assemblage de différents matériaux : plastique, cuir, métal… » 

Fabriquer 100 % français

Dans sa démarche, Chamberlan prend le contrepied de ce modèle de surconsommation en proposant à ses clientes des modèles adaptés à leurs mensurations, grâce à une application qui modélise leurs pieds à partir de plusieurs dizaines de photographies. « Nous nous attachons à fabriquer 100 % en France », précise la co-fondatrice de la marque.  De la coupe au piquage puis montage, l’ensemble des étapes de fabrication de ces souliers uniques sont réalisées par la quinzaine de salariés de l’atelier périgourdin. 

Les matières premières utilisées sont au maximum françaises, sauf quand il n’est pas possible de faire autrement. « Les talons viennent d’Espagne ou d’Italie, les semelles d’Espagne ou du Portugal, parce qu’il ne reste plus ou presque plus de fournisseurs français », justifie Sophie Engster, attachée aux circuits courts. À quelques encablures de l’atelier Chamberlan, des entreprises de déstockage de cuirs de grandes maisons lui fournissent une partie des peaux dont sont faits les escarpins de la marque. « Si on peut éviter de fabriquer de nouvelles choses, nous évitons », précise encore la dirigeante. 

Dans un souci de proposer à leurs clientes des chaussures qui s’adaptent à leurs convictions personnelles, Chamberlan développe actuellement des matières alternatives. « Nous sommes en train d’en tester une à base de fibres de pommes », explique Franck Le Franc, qui précise que « ce n’est pas tout d’avoir une matière bio-sourcée si elle tient six mois et qu’il faut changer la paire de chaussures. Nous voulons un produit durable et responsable. » L’un des objectifs de l’entreprise pour 2023 est de parvenir à proposer ses trois modèles best-seller dans des matières alternatives.

Challenge entre entrepreneurs

Concernés par la meilleure façon d’améliorer leurs pratiques environnementales, les dirigeants de Chamberlan ont été invités, en 2021, à participer à la Convention des entreprises pour le climat (CEC), qui a réuni 150 chefs d’entreprises françaises de toutes tailles et tous secteurs durant près d’un an. L’aventure, visant à les encourager à repenser leur activité pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, a tant plu à Sophie Engster qu’elle souhaite désormais lancer une édition régionale. « C’est stimulant d’être en lien avec d’autres entrepreneurs ; nous nous sommes challengés entre nous et nous nous sommes apportés mutuellement des idées et des solutions. » La démarche a abouti à la remise de 150 feuilles de route au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, en octobre 2022. 

« Je me suis dit que ce n’était pas possible de rester juste à 150, qu’il fallait étendre ça à encore plus de monde », explique la fondatrice de Chamberlan. Avec l’appui de la Région, elle souhaite donc réunir, d’ici juillet prochain, 80 à 100 entreprises du territoire de la Nouvelle-Aquitaine pour les embarquer dans la même dynamique que ce qu’elle a connu au niveau national. « C’est en tapant en haut, à partir des dirigeants, que l’on va pouvoir impacter l’entreprise tout entière. » La session devrait ainsi démarrer dès l’automne 2023.

Yves Trousselle, élu à la Région, délégué à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et Colette Langlade, conseillère régionale, élue du Périgord vert, en visite chez Chamberlan lundi 16 janvier, apprécient cet esprit d’initiative. « Nous allons voir comment nous pouvons bénéficier du collectif créé et comment nous pouvons les mettre en lien avec d’autres, de manière à accélérer l’aspect RSE dans l’ensemble du secteur économique de Nouvelle-Aquitaine, en évitant les doublons qui sont une perte de temps et d’énergie », explique Yves Trousselle.

« C’est une richesse pour un territoire d’avoir ce type d’entreprises, d’avoir réussi à fédérer autour d’elles tout un écosystème de formation, avec le pôle des métiers du cuir de Thiviers, et de lui donner de la visibilité pour travailler sur l’économie circulaire », appuie Colette Langlade. À l’heure où l’on parle de réindustrialisation de la France, Chamberlan constitue un exemple de réussite de la réimplantation d’un savoir-faire à haute valeur ajoutée sur le territoire français, se sont félicités les deux élus.

EN CHIFFRES

100 entrepreneurs espérés pour la Convention des entreprises pour le climat en
Nouvelle-Aquitaine

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