L’inquiétude des éleveurs bio

Les fromages de chèvre bio connaissent une baisse de la consommation. (Ph. archives Réussir le Périgord)

CAPRIN. Les éleveurs de chèvres en agriculture biologique et filière longue s’interrogent sur leur avenir. Face à l’inflation et les incertitudes sur le prix du lait, ils réclament un diagnostic de la filière.

La crise du bio touche désormais la plupart des filières. Le lait de chèvre n’est pas épargné. Dans un communiqué, Chevriers de Nouvelle-Aquitaine et Vendée, la Confédération paysanne, la Coordination rurale et Bio Nouvelle-Aquitaine alertent les structures professionnelles, politiques, ainsi que les consommateurs sur leur situation fragile et incertaine. « Nous devons poser un diagnostic complet sur notre filière laitière caprine pour trouver des pistes d’actions concrètes. »

Stéphanie Kaminski, éleveuse à La Rochebeaucourt-et-Argentine, représentant Chevriers Nouvelle-Aquitaine et Vendée, explique : « Nous avons connu un essor de la transformation, notamment avec la laiterie Chêne vert en Dordogne, suivi de beaucoup d’installations. Après la Covid-19 et la crise de l’inflation, les produits bio souffrent d’une baisse de la consommation. Nous observons un déréférencement des produits dans la grande distribution, qui réduit ses étals. Nous savons que les laiteries déréférencent aussi du lait bio en conventionnel. »

Les éleveurs demandent à relever le niveau de connaissance de la filière en produisant des données comme les volumes de lait collectés par territoire et par laiterie, les volumes de lait importés et de fromages exportés, les prix des laits collectés et importés, les zones et les opérateurs de collecte… « Comme dans les autres filières laitières, les éleveurs caprins en agriculture biologique doivent connaître le devenir du lait qu’ils produisent pour participer à orienter leur filière », indique le communiqué. « Nous avons demandé à l’interprofession nationale, l’Anicap, avec l’Institut de l’élevage, de réaliser ce travail de connaissance en créant des indices Ipampa, comme en lait conventionnel, sur l’évolution du coût des biens et services utilisés par les exploitants », précise
Stéphanie Kaminski. 

Les producteurs veulent s’assurer que les transformateurs et distributeurs respectent leurs engagements envers les éleveurs, en particulier en termes de collectes des producteurs les plus excentrés des unités de transformation et/ou ceux qui ont des volumes de production plus limités.

Prix du lait et déconversions

Les éleveurs sont frappés par l’inflation alors que le prix du lait qui leur est payé stagne, au mieux. « Il n’a pas encore baissé mais il y a des menaces pour la fin de l’année. Pour autant, nous n’avons pas connu d’augmentation contrairement aux producteurs de lait conventionnel qui ont eu une hausse qui suit celle des charges », indique Stéphanie Kaminski. L’éleveuse s’inquiète aussi de la politique de la Région qui incite les agriculteurs à faire du bio sans forcément créer les filières de commercialisation, notamment dans la restauration collective. Les chevriers veulent trouver des solutions à cette situation par des systèmes tampons, de mutualisation et de régulation de l’offre et de la demande. Ils en appellent à la solidarité des filières laitières. 

Enfin, si des déconversions devaient advenir, ils demandent de prévoir des accompagnements optimisés humainement et financièrement. « Les laiteries sont plutôt pour une déconversion des éleveurs. Je connais déjà quelques cas sur une vingtaine de producteurs bio en Dordogne. Certains éleveurs voudraient mais ils sont contraints par les aides à la conversion », affirme Stéphanie Kaminski. 

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