L’avenir est dans le papier à étiquettes

Industrie. La ligne 8 de l’entreprise du Lardin-Saint-Lazare a changé pour produire des étiquettes et pérenniser le site. Une belle satisfaction pour Frédéric Perissat, le préfet, avant de quitter la Dordogne.

La mue des papeteries

Le 18 novembre, Frédéric Perissat, l’ancien préfet de Dordogne accompagné de Stéphane de Gélis, le directeur de l’usine du Lardin-Saint-Lazare, ont visité les lieux. Depuis le mois d’avril, le groupe espagnol Lecta a entamé la transformation de la production par la reconversion de la ligne 8. Le coût de l’opération s’élève à 82 millions d’euros, dont 19 Me proviennent d’un prêt à taux zéro de la Région. L’État a également apporté son soutien financier dans ce dossier. Pour changer de stratégie, l’entreprise a formé les 400 salariés sur les 420 présents sur le site. « Ce moment a vraiment été un point fort. Elle a permis de garder des compétences en interne et de faire monter en compétence les collaborateurs. Il aurait été dommage de voir nos talents partir ailleurs. C’est très difficile ensuite de les faire revenir quand ils quittent la région », a dit le directeur.

Avec cette visite, Frédéric Perissat a-t-il voulu s’offrir une cure de jouvence industrielle avant son départ dans le Manche ? Le dossier l’a en tous les cas suffisamment occupé pour qu’il revienne observer la métamorphose de la production. « Lorsque nous avons fait la passation entre préfets, Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc m’avait signalé ce dossier. Il y avait beaucoup d’inquiétudes pour l’avenir avec un projet d’évolution de la production qui nécessitait des investissements lourds, de la formation sur un temps long, dans une période où le papier était en crise. »

Technicité

Par cette transformation, l’usine se diversifie en produisant de la glassine (papier cristal) et du papier couché une face, notamment pour les supports et les étiquettes elles-mêmes, offrant davantage de valeur ajoutée. La ligne rénovée fonctionne depuis un mois, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Il a fallu changer 80 % de la machine de base, de la caisse de tête en passant par l’enroulage intermédiaire. Bien sûr, la mise en route a généré quelques difficultés techniques, le temps de trouver les bons réglages. « Nous faisions du papier couché deux faces qui était moins exigeant, selon le directeur. Aujourd’hui, nous devons répondre à davantage de règles et de contraintes. Nous avons des obligations de transparence et de résistance que nous n’avions pas auparavant. Nous apprenons avec les premiers retours des clients et des partenaires qui nous aident à progresser. » Le papier, en 56 ou 58 g/m2, s’avère plus solide que du papier classique. Il nécessite davantage de technicité dans sa conception. L’installation d’une super calandre (une machine) a permis de lancer le nouveau procédé. « Aujourd’hui, nous ne faisons pas la partie collante des étiquettes. À l’avenir, nous allons nous poser la question car nous sommes capables de la produire », précise Stéphane de Gélis.

Crise du papier

Le premier objectif consiste à obtenir la qualité nécessaire. La production devrait atteindre 120 000 tonnes, répartie à 50 % entre le couché une face et la glassine. Le couché deux faces pour l’édition représentera plus de 200 000 tonnes. 50 % de la production alimentera en interne le groupe Lecta. Le reste sera vendu à l’extérieur. L’entreprise prévoit déjà de recruter. « Nous avons une pyramide des âges en forme de toupie. Dans les dix ans qui viennent, 150 personnes vont partir à la retraite. Il y a eu un temps où l’on n’a pas recruté. Du coup l’âge moyen a augmenté. »

« Je suis ravi de voir que l’outil fonctionne, a dit Frédéric Perissat à l’issue de cette visite. Pour un préfet, c’est assez rare
d’arriver sur un projet en très grande difficulté et de repartir avec une entreprise sauvée. » Comme une bonne nouvelle arrive, parfois, accompagnée d’une mauvaise, Stéphane de Gélis a parlé des effets de la crise des matières premières sur l’activité de l’entreprise. « Cela se traduit par des hausses de prix. Nous sommes à la quatrième augmentation en un an, plusieurs centaines d’euros à la tonne répartis entre les matières premières et l’énergie. » L’explosion du coût de cette dernière a des effets néfastes. « Nous y sommes beaucoup plus sensibles que les autres pays européens », indique le directeur. Pour parer à cette problématique, l’entreprise développe un projet de chaudière biomasse (voir encadré). Le directeur concède tout de même que le site de Condat est « un peu protégé au sein du groupe car nous réalisons un démarrage industriel. » Il ajoute : « Nous garantissons la transformation de Lecta. » Pour Stéphane de Gélis, si Condat était une simple branche du groupe, elle en devient désormais une racine.

Partagez cet article
Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Plus d'articles pour "Économie"

Publiés récemment