
Agroalimentaire. La brasserie artisanale, implantée à Nontron, s’apprête à investir de nouveaux locaux. Elle veut aussi acquérir des équipements et développer son portefeuille clients.
C’est l’histoire d’une rencontre à l’Institut français des boissons, de la brasserie et de la malterie (IFBM). Deux élèves allaient devenir deux amis, et plus tard deux associés. « Deux gars qui aimaient bien faire la fête, un peu bruts, ronchons », évoque l’un d’eux, Gauthier Bourgy. La brasserie “Les 2 Ours” sera créée en juillet 2017. « De nombreuses bâtisses ont été visitées. Nous avons trouvé notre bonheur à Nontron, dans un ancien atelier de menuiserie. Ce local nous a beaucoup plu pour le lancement de notre activité, il était grand et pas cher. Nous allions être tranquilles les trois premières années. » Des cuves de production, un concasseur (afin de broyer le malt) ainsi que des fermenteurs feront notamment partie des premiers investissements. Coût global des différents équipements : près de 120 000 €. Depuis, la brasserie artisanale produit chaque année entre 400 & 450 hl, et commercialise une vingtaine de références.
Sauf que les trois premières années sont désormais passées. Il faudrait pousser les murs, et plus particulièrement le plafond. « Financièrement, on s’en sort pas mal. Aujourd’hui, si on veut se développer, il faut accroître la capacité de production (passer à 1 200 hl d’ici deux ans NDLR) et améliorer le process de conditionnement. » C’est dans ce contexte que l’entreprise devrait investir dès l’été prochain de nouveaux locaux situés à Saint-Médard-de-Mussidan. « Nous gardons la même surface au sol, à savoir 550 m2. Mais nous aurons 8 mètres de hauteur, contre à peine 3 actuellement. » Bref, les fermenteurs pourront être plus hauts ; les brasseurs pourront aussi stocker davantage.
La ligne d’embouteillage sera pour sa part entièrement automatisée. À l’heure actuelle, il faut 2,5 jours par semaine pour réaliser cette étape. Demain, elle le sera en 2,5 heures. Montant total des investissements : environ 100 000 € (dont 80 000 € pour l’embouteillage).
Le temps gagné sur le conditionnement permettra de se concentrer sur l’activité commerciale. Aujourd’hui, la distribution se fait uniquement en bouteilles et non en fûts. « Il y a une grosse demande en bouteilles. C’est d’ailleurs ce qui nous a sauvés pendant le confinement, les magasins alimentaires ayant bien fonctionné. Si nous n’avions eu que des fûts, nous nous serions cassé la figure. » Un choix qui concourt également à la notoriété de l’entreprise. « On voit la bouteille, l’étiquette. Lorsqu’une personne se rend par exemple dans un bar, il demande une pression. Mais elle ne sait pas si c’est l’une de nos bières ou non. »
Néanmoins, parmi les leviers de développement figure bien le segment des fûts. « Nous souhaitons doubler la distribution de bouteilles (à 800 hl) et commercialiser 400 hl de bières en pression. » Il faut dire que le fût rapporte davantage d’argent. Car la bouteille coûte cher. Au-delà du contenant, il y a l’impression des étiquettes, le conditionnement, la manutention, etc. « Avec un fût, il y a moins de paramètres à prendre en compte. Et c’est 30 litres. On gagne davantage. »
Développer le portefeuille client reste aussi un axe de travail. La brasserie commercialise aujourd’hui ses produits auprès des cafés, hôtels et restaurants (CHR), de cavistes (la brasserie leur a d’ailleurs créé une gamme dédiée) ou encore des magasins alimentaires de proximité. La vente directe n’est pas non plus écartée. D’autant que cette dernière permet de gagner en valeur ajoutée. « Il faut vendre beaucoup de volume pour que notre activité soit viable. » La brasserie n’a en revanche pas choisi le débouché de la grande distribution. Une question d’image, mais pas seulement. « Certains de nos clients ne pourront pas s’aligner face aux tarifs appliqués dans de grandes enseignes. »
Ces bières sont aujourd’hui commercialisées dans tout l’Hexagone. Et qu’on se le dise, ce n’est pas forcément à Nontron que la brasserie vend le plus. « Nous devons être quatre ou cinq brasseurs en Périgord vert. Il faut trouver des débouchés et ceux-ci se trouvent partout. » La brasserie artisanale n’hésite donc pas à multiplier les collaborations. Un partenariat avec Taïwan pourrait même être envisagé.