Une filière à réorganiser

Après de gros efforts techniques, les producteurs de châtaignes du département ont désormais des résultats significatifs en termes de récolte. (Ph. Union professionnelle châtaigne Sud-Ouest)

CHÂTAIGNE. Grâce aux progrès techniques sur les cultures, les volumes de récolte en Dordogne sont constants. La filière doit trouver de nouveaux débouchés, notamment au niveau de la transformation.

Trouvera-t-on un jour dans les rayons des magasins de la crème de marrons de Dordogne aussi facilement que sa grande sœur d’Ardèche ? Ce serait en tout cas le souhait de Jean-Roland Lavergne, président du syndicat des producteurs de châtaigne de Dordogne. Historiquement, dans le département, « on a plutôt mis l’accent sur la filière longue, sans trop se soucier du reste, parce que ça marchait plutôt pas mal », constate-t-il. Mais aujourd’hui, alors que des difficultés se font jour et impactent les ventes, il est temps de repenser le modèle. 

« La campagne écoulée a été problématique pour les producteurs du département, note Jean-Roland Lavergne. La récolte a été abondante, donc les prix d’achat ont chuté par rapport à l’année précédente. Et le deuxième problème, beaucoup plus grave : certains producteurs n’ont pas pu écouler leur production, notamment les variétés précoces, comme la bouche de Bétizac. » Or elle a été beaucoup plantée, ces dernières années dans le département, puisqu’elle était mieux rémunérée que d’autres variétés plus tardives. « La bouche de Bétizac est un très beau fruit, qui brille et attire l’œil des consommateurs mais elle a un gros défaut : il est difficile de la conserver dans les frigos et il y a de mauvais retours des distributeurs parce que certaines arrivent parfois abîmées, voire pourries. » 

Le syndicat s’est donc lancé dans une campagne en direction des distributeurs pour faire changer le mode de commercialisation. « La châtaigne se vend dans les magasins au rayon des fruits secs avec les noix, alors qu’elle devrait être au rayon des fraises puisqu’elle est aussi sensible, au niveau conservation », estime Jean-Roland Lavergne. 

En plus d’une récolte abondante, un opérateur « essentiel sur le secteur du Sarladais », Sud Ouest fruits rouges, est en cessation d’activité. « Ils ont collecté 700 tonnes de fruits l’année dernière, c’est énorme. Cela nous préoccupe fortement. Nous sommes en train de pointer nos adhérents qui leur livraient pour ne pas qu’ils restent sur la paille. » Jean-Roland Lavergne espère pouvoir rencontrer, via le syndicat, des éventuels repreneurs ou des opérateurs du territoire pour leur signaler les difficultés auxquelles sont confrontés les producteurs. 

Le modèle de la noix

Environ 3 000 tonnes de châtaignes sont récoltées chaque année en Dordogne. « On a beaucoup planté, fait de gros efforts techniques, notamment avec Invenio et la Chambre d’agriculture. Désormais, nous savons cultiver des châtaigniers de façon correcte, nous avons des vergers qui se tiennent et ne meurent pas de toutes les maladies imaginables. Nous commençons à avoir des résultats significatifs avec une production soutenue, voire à la hausse. » Pourtant, recommander à des jeunes agriculteurs de planter quelques hectares de châtaigniers est encore délicat, au vu du contexte économique actuel. 

L’une des solutions résiderait donc, d’après le président du syndicat, à encourager les producteurs à se tourner vers la transformation. « Il faudrait au moins un premier niveau de transformation, de préparation de nos fruits, de façon à assurer l’opérateur économique qui nous achète notre production d’avoir des fruits qui arrivent dans de bonnes conditions », suggère-t-il, à l’image de ce qu’a fait la filière noix du département : « Les producteurs se sont équipés de matériel de séchage, spécifique, de façon à livrer des noix le plus propres possible ».

« Pour que les gens qui ont misé sur la filière châtaigne puissent retirer les fruits de leurs efforts, il faut qu’on se professionnalise. C’est un nouvel enjeu, un pari qu’on doit relever », insiste Jean-Roland Lavergne. L’avenir de la châtaigne de Dordogne passera par la consommation autrement que sous forme de fruit, le président du syndicat des producteurs en est convaincu.

JOURNÉE DE LA CHÂTAIGNE

Par des producteurs, pour des producteurs 

Le syndicat des producteurs de châtaignes de Dordogne donne rendez-vous aux acteurs de la filière pour une journée technique, le 1er juillet à Cénac. La connaissance des sols sera abordée, avec la Chambre d’agriculture de Dordogne et plusieurs techniciens. « Nous parlerons fonctionnement racinaire, enracinement des arbres et fertilisation des sols, état sanitaire de nos vergers, avec un tour d’horizon de nos vergers… », précise Jean-Roland Lavergne. Un atelier greffage, des retours d’expérience de producteurs et des démonstrations de matériel compléteront le programme de cette journée gratuite, qui se tiendra de 9 h à 17 h au lieu-dit La Bouffardie.

EN CHIFFRES

322 exploitations avec une activité châtaigne en Dordogne fin 2022

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