« Mutualiser les compétences »

La mutualisation des compétences entre praticiens doit permettre aux médecins de se dégager du temps. (Ph. T. Mercier)

SANTÉ. Didier Couteaud est, depuis le 1er janvier, directeur de la délégation départementale de Dordogne de l’Agence régionale de santé. Il souhaite améliorer la réponse médicale en adaptant les besoins au territoire.

Vous avez été nommé le 1er janvier pour une durée de trois ans à la direction de l’ARS Dordogne. Quelles sont les priorités ?

Didier Couteaud : En 2025, nous n’aurons plus que 80 000 médecins en France contre 100 000 actuellement. Pour faire face, il faut travailler en amont sur la prévention pour éviter l’engorgement futur aux urgences. Nous lançons, par exemple, dans les prochains jours, une campagne de vaccination sur le papillomavirus auprès de 4 200 élèves répartis dans 48 collèges. L’enjeu sera également d’être attentif aux affections de longue durée pour que chaque personne puisse, malgré ce contexte de crise, avoir accès à un médecin traitant dans le territoire.

Comment rendre mieux accessible la santé en Dordogne ?

D. C. : Il faut une nouvelle organisation des soins. Un travail de concertation doit se faire entre les professionnels et les élus locaux pour avoir une organisation coordonnée. Il faut s’entendre sur l’installation des maisons de santé et éviter la concurrence entre collectivités pour le recrutement de praticiens. Il y a des questions à se poser sur les méthodes de travail : doit-on mettre en place la télémédecine ? Comment accueillir les patients sans médecin ? Peut-on déléguer des tâches pour gagner du temps ?

Sur ce sujet, certains médecins libéraux ne souhaitent pas que leur travail soit délégué à d’autres et en particulier à des infirmières de pratique avancées. Qu’en pensez-vous ? 

D. C. : Ce que nous disent les médecins, c’est qu’ils souhaitent avant tout diminuer leurs tâches administratives et nous avons les outils pour cela : les assistants médicaux. Le président de la République souhaite passer leur nombre de 4 000 à 10 000 d’ici deux ans. Avec la mise en place du service d’accès aux soins, les médecins devront offrir une réponse de soin lorsque le patient ne relève plus des urgences, pour que le Samu puisse avoir un interlocuteur. Voici la ligne ; après, c’est aux médecins à s’organiser pour la mettre en place. 

C’est en ce sens que vont être généralisées les coordinations territoriales en Dordogne (CPTS) ?

D. C. : Oui. L’objectif est de favoriser la mutualisation des compétences entre praticiens et in fine, de dégager du temps pour les médecins libéraux. Nous allons avoir un trou d’air durant 10 ans, notre travail est de trouver des solutions pour faire face à ce manque de personnel.

Avez-vous d’autres pistes de réflexions ? 

D. C. : Oui, avec la mise en place des CPTS, nous allons devoir revoir le système de garde. Pour ma part, je suis contre la réquisition lorsque nous avons des zones où le nombre de médecins est faible et où leur activité est réduite. Dans certains départements, des tests ont eu lieu sur des gardes au-delà de minuit. Je suis persuadé qu’il y a trop de secteurs et qu’un travail sur la sectorisation est indispensable. Et puis, il faut désormais raisonner la santé à l’échelle d’un bassin de territoire. Trouver un praticien en bas de chez soi est pour moi terminé. Le patient doit accepter, comme il le fait pour ses loisirs, de faire quelques kilomètres pour trouver un professionnel de santé au sein d’un cabinet coordonné.


Un challenge professionnel

Portrait. Le nouveau directeur de l’antenne périgourdine de l’Agence régionale de santé fait son retour dans son département d’origine après avoir passé trois ans dans les Landes.


Didier Couteaud a été nommé pour trois ans, à la direction de la délégation départementale de l’ARS en Dordogne. (Ph. T. Mercier) 

Il n’aura pas eu le temps de souffler depuis son arrivée. À 54 ans, Didier Couteaud est, depuis le 1er janvier, le nouveau directeur de la délégation départementale de la Dordogne pour l’Agence régionale de santé. Cet inspecteur de l’action sanitaire et sociale connaît bien le département puisqu’il a eu l’occasion d’y travailler en 2007 en tant que directeur adjoint à la direction des affaires sanitaires et sociales, aux côtés de Michel Laforcade. 

En 2010, après une réforme de l’État, il part à la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP). « J’ai eu l’occasion de découvrir de nouvelles missions à la fois dans le champ des services vétérinaires mais aussi de l’hébergement, le logement et la jeunesse et le sport. Ce sont des services recomposés sous l’égide du préfet. J’y suis resté durant cinq ans », détaille Didier Couteaud. 

Ce dernier a ensuite poursuivi sa carrière dans les services vétérinaires mais cette fois à Saint-Étienne et à Clermont-Ferrand. « Après ces expériences, j’ai eu envie de revenir dans le domaine de la santé humaine et donc dans le giron de l’ARS. C’est la raison pour laquelle j’ai postulé dans les Landes, où je suis resté trois ans. Pour l’anecdote, j’ai pris mes fonctions en février 2020, soit 29 jours avant le premier cas de Covid dans le département », se rappelle-t-il.

Des dossiers agricoles 

Durant son premier passage en Dordogne, Didier Couteaud s’est particulièrement focalisé sur la tuberculose bovine. « Avec le ministère de l’Agriculture et les préfets de l’époque, nous avions travaillé plusieurs protocoles dérogatoires d’abattage sélectif avec la mise en place d’un dépistage à partir de l’interféron. Ce dépistage est d’ailleurs toujours en vigueur en Dordogne », ajoute Didier Couteaud. 

Même si le secteur agricole ne fait plus partie de ses attributions, il estime que ces sujets sont complémentaires : « Nous surveillons attentivement le moustique tigre qui peut être vecteur sur l’homme. Par ailleurs, la question de l’eau et la préservation de la ressource sont un enjeu important en Dordogne. » Son retour dans le département est donc un souhait avant tout personnel. Il a su saisir l’opportunité pour se rapprocher de ses attaches initiales. « Mon domicile est ici, je suis attaché à ce territoire. C’est un challenge professionnel », affirme-t-il. Par ailleurs, cet amateur de sport est engagé au club de football de Champcevinel, il en est le président. « Il y a un vrai volet éducatif auprès des jeunes de ce club. Je considère que le foot et les sports collectifs participent à la transmission des valeurs humaines. Mon retour en Dordogne va me permettre de travailler plus précisément sur des notions d’engagement et de respect que l’on a tendance à perdre », affirme-t-il. Enfin durant son mandat, Didier Couteaud va s’attacher à communiquer autant que possible sur les actions de l’ARS à l’image de ce qui a été fait durant la Covid.

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